Le britannique, Sir Richard Shirreff, qui était encore commandant en chef adjoint de l’OTAN pour l’Europe en 2014, a choisi la fiction pour annoncer une guerre nucléaire à l’horizon 2017 « plausible » selon ses termes. Dans son roman intitulé en anglais « 2017 : guerre avec la Russie », le scénario d’une guerre déclenchée, of course, par la Russie fait planer la menace nucléaire, sur l’innocente Union européenne l’année prochaine. Selon sa fiction, dès l’an prochain, la Russie se mettrait à occuper l’Ukraine pour s’assurer une ouverture terrestre en Crimée, puis envahirait les trois pays baltes, Estonie, Lettonie et Lituanie, tous membres de l’OTAN.
«Nous devons juger le président Poutine à ses actes et non à ses paroles. a-t-il déclaré, il a envahi la Géorgie, il a envahi la Crimée, il a envahi l’Ukraine. Il a utilisé la force et a obtenu ce qu’il voulait par ce moyen. Dans une période de tension, une attaque contre les États baltes … est tout à fait plausible. » Selon Le Dailymail, qui rapporte les propos du général a l’émission Today de la BBC Radio 4.
Le problème c’est que ce général confond volontiers la fiction avec la réalité, ce qui ne peut pas nuire à la vente de son livre… Car ce n’est pas la Russie qui a envahi la Géorgie, mais au contraire l’armée géorgienne qui a attaqué les troupes russes d’interposition qui se trouvaient dans la région séparatiste d’Ossétie du Sud, fortes d’un mandat international. La Russie avait réagi au meurtre de plusieurs de ses soldats en repoussant l’armée géorgienne entraînée par les troupes de l’OTAN. En ce qui concerne la Crimée, c’est par un référendum populaire que la population criméenne a demandé son rattachement à la Russie suite au coup d’État du Maïdan fomenté par certains pays de l’OTAN. Quant à l’Ukraine, malgré les allégations mensongères de l’Occident, personne ne croit sérieusement à l’occupation du pays par la Russie. Les déclarations de ce général sont donc fort inquiétantes. Les commandants en chef de l’OTAN seraient-ils prêts à tous les mensonges pour parvenir à leurs fins? Ou bien seulement certains d’entre eux ? En tout cas un parti transatlantique des faucons, au sein des armées, semble prêt à prendre le risque de déclencher une guerre en Europe avec la Russie, pour parvenir à ses fins.
Carte de l’expansion de l’OTAN en 2006. D’autres pays pourraient être intégrés tels que la Croatie, la Mécédoine, la Grèce et la Géorgie, ainsi que l’Ukraine. L’OTAN s’étend alors que l’encerclement de la Russie s’intensifie.
Pour l’auteur, la Russie profiterait de l’affaiblissement de l’OTAN sur la scène internationale (sic! voir carte ci-dessus), et déciderait d’envahir l’Europe occidentale, pour se dégager de l’encerclement de l’Alliance atlantique. On se demande pourquoi la Russie remettrait à 2017 ce qu’elle pourrait faire cette année. Mais, la Russie n’opérerait pas dans la dentelle puisque ce serait à coup de bombes nucléaires qu’elle avancerait. Et puis pourquoi ne pas desserrer l’étau autour de la la Russie pour lui ôter la raison d’une attaque ?
Le refroidissement des relations, selon l’auteur, viendrait de la Russie dont le nucléaire serait le pivot, non de défense, mais d’attaque: «Ne vous faites pas d’illusions», a-t-il affirmé, «L’utilisation de l’arme nucléaire fait entièrement partie de la stratégie militaire de Moscou». Une affirmation un peu osée quand on sait que les USA, en liaison avec l’OTAN, prévoient de déployer en Europe centrale des bombes d’aviation nucléaires de haute précision et n’excluraient pas la possibilité d’une attaque nucléaire préventive en Asie ou même en Europe. Les USA restent encore le seul pays au monde à avoir utilisé des bombes nucléaires contre des populations civiles; c’était au Japon contre Nagasaki et Hiroshima, alors que la guerre leur était déjà quasiment gagnée. Une expérience en grand, en somme!
Certains britanniques semblent se faire une spécialité de l’organisation de la peur comme prétexte pour déclencher des guerres dans lesquelles la terreur nucléaire est agitée. On se souvient que le Royaume-uni avait accrédité des faux grossiers comme prétextes au déclenchement de l’agression de l’Irak en 2003, de concert avec les USA. Une guerre déclarée avec des preuves reconnues fabriquées de toute pièce, depuis, (y compris par l’ONU), mais qui sont à l’origine d’une guerre atroce dont les effets se poursuivent toujours au Proche-Orient et même en Europe occidentale avec la déferlante des migrants. Mais c’est bon pour le commerce des armes!
Le général prend pour preuve des velléités russes d’en découdre en mer Baltique, le fait que les navires de l’Alliance ont vu leurs appareils balistiques brouillés lors du survol d’avions russes… non identifiés, lors de leurs exercices en mer Baltique. M. Shireff doit un peu manquer d’humour, car les communications brouillées des navires lors de survols d’avions russes ne sont pas des nouveautés. C’est par ce moyen qu’un navire de guerre US qui s’approchait un peu trop des côtes russes en mer Noire avait été « désarçonné », par ce moyen aussi que la Russie a empêcher les USA, le Royaume-uni et la France d’attaquer la Syrie en 2013. La Russie, en effet, semble posséder des moyens techniques très performants que les USA n’ont pas, ce qui explique ce qui fait rire le monde entier depuis 2012, mais qui crispe l’OTAN, quelque peu ridiculisée.
Comme chacun sait, un général n’est jamais complètement à la retraite et le général Richard Shirreff est un jeune retraité. Il a fait partie du haut commandant de l’OTAN en Europe jusqu’en 2014. Selon lui l’attaque viendrait par la Baltique. Cela tombe bien, les Américains qui ont déjà implanté une base anti-missiles en Roumanie aux portes de la Russie sont en train d’en implanter une autre en Pologne qui connaît des résistances auprès de la population, et puis le nouveau gouvernement remet en question les contrats sur la livraison des missiles sol-air américains Patriot et les hélicoptères français d’Airbus. Mais ce sont tous les pays de la Baltique qui sont sollicités pour ouvrir leurs frontières aux matériel et aux manœuvres de l’OTAN. Contrairement à la Suède prête à intégrer l’OTAN, et plus encore l’Estonie dont les autorités sont chauffées à blanc, d’autres pays comme la Finlande, pourtant frontalière avec la Russie, sont beaucoup plus réticents. Ainsi le président Sauli Niinisto, a déclaré « Nous n’avons pas besoin de changer la politique actuelle », rapportait début mai le médias finlandais YLE. S’il se montre personnellement opposé à faire intégrer son pays dans l’OTAN, il estime que si la question devait se poser ce serait au peuple finlandais de se prononcer à ce sujet. Répondant aux pressions de la Suède et de l’OTAN, il a estimé qu’Helsinki et Stockholm devaient choisir leur programme de défense séparément. Début mai également l’Otan a lancé d’impressionnantes manœuvres militaires aux abords des frontières russes, alors que 10 pays membres de l’OTAN ont effectué des exercices navals à partir de l’Estonie.
Des manœuvres, qui, si on en croit le général Shirreff n’ont pas vraiment donné satisfaction; les forces russes implantées de façon historique dans la Baltique, n’ont pas été inquiétées mais auraient inquiété l’OTAN puisqu’elles ont manifesté leur présence à plusieurs reprises au cours des opérations otanesques, de façon non-identifiées et en paralysant les systèmes de communication des navires. Le quartier-général de la marine russe dans la Baltique est actuellement situé à Kaliningrad, avec comme base principale Baltiisk; une autre base se trouve à Kronstadt dans le golfe de Finlande. Autant dire qu’il était difficile que les avions ou navires russes ne soient pas amenés à croiser le trajet des bâtiments de l’OTAN.
Bref, des allégations catastrophes juste utiles à semer la panique dans l’opinion publique pour permettre aux néo-cons (néo-conservateurs) à Washington de réclamer des crédits toujours plus élevés pour l’armement. Le danger de telles alarmes c’est qu’elles finissent par aboutir, sinon à une troisième guerre mondiale traditionnelle, du moins à la multiplication des conflits, puisque l’efficacité des armes n’est jamais si bien expérimentée que sur le terrain. Enfin, si une troisième guerre mondiale classique semble très peu probable, en revanche, il existe une autre forme de guerre mondiale qui est en train de se développer, c’est la guerre terroriste islamique qui est en même temps une guerre sous faux-drapeau du bloc occidental à la Russie, dont l’onde de choc de plus en plus puissante se répand à partir du Moyen-Orient, en Europe atlantiste et en Europe russe, et qui risque de s’étendre sur tout le globe, y compris peut-être, cette fois-ci aux USA… Une guerre alimentée par une propagande mensongère à la Goebels, comme Sir Richard Shireff nous en donne une belle illustration.
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Emiliedefresne@dev.medias-presse.info
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