La loi qui vient d’être votée le 17 mars peut être interprétée très différemment dans le cadre de notre exercice médical.
D’abord, il y a lieu de noter que la promesse 21 de Hollande avant les élections présidentielles concernant la fin de vie est assez vague : « Introduire la possibilité de bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité, dans des conditions précises et strictes ». Il n’y a pas à proprement parler d’incitation à la « piqûre mortelle » non plus qu’à l’aide au suicide assisté. D’où la déception de l’association pour le droit de mourir dans la « dignité » (ADMD) de Romero vis-à-vis de la nouvelle législation. Apparemment Hollande n’était guère favorable à l’euthanasie. Tout l’art du texte voté est de cacher la vérité sur les dispositions prises en lui donnant l’aspect d’un progrès. D’où le vote massif des députés en faveur de la loi Claeys-Léonetti.
En fait, entre la loi Léonetti 2005 et celle qui a été votée le 17 mars -la loi dite Claeys Léonetti- il y a peu de différences. En effet la première prévoyait de priver les personnes en fin de vie de toute hydratation et d’alimentation ; ce qui était déjà une forme d’euthanasie. Elle souhaitait voir développer les soins palliatifs. Il s’agissait notamment, comme cela s’est toujours fait, d’abolir la souffrance en endormant les malades au moment de la mort. Qu’y a-t-il de plus cette fois-ci ? La « sédation terminale » votée par le parlement prive de conscience les malades et les laisse mourir de déshydratation. Rien ne dit dans ce qui a été voté qu’il y a lieu de doubler et tripler les doses de calmants jusqu’à ce que mort s’ensuive. Le principe est de laisser agoniser pendant plusieurs jours. La tentation sera forte d’accélérer la perfusion…
Il est bon d’abord de savoir que le patient est en droit de refuser les soins le maintenant en vie. Il n’y a rien de neuf dans cette disposition. Il est évident que le médecin, que ce soit pour une grippe ou un cancer du cerveau ne peut obliger un de ses patients à se soigner ; en ville comme en milieu hospitalier. La décision d’arrêt de soins « de manière collégiale » s’est toujours effectuée en général avec les soignants, la famille, voire un proche. Le cas du Dr Bonnemaison qui a euthanasié en série sept personnes est exceptionnel.
Apparemment les directives du patient concernant la fin de vie deviennent contraignantes pour le corps médical. Que dire si un patient déclare ne pas vouloir de traitement et souhaite être endormi au moment de sa mort ? Ceci n’a rien d’exceptionnel : le corps médical ne peut que s’incliner. C’est même le cas le plus fréquent en dehors de celui des morts subites. Il est écrit à propos de la nouvelle loi que « le texte veut remettre la volonté des patients au cœur des décisions sur leur fin de vie ». Désolé ! L’immense majorité des médecins a toujours tenu compte de la volonté des malades. De même le rôle de la « personnes de confiance » n’est pas une nouveauté. En absence de famille ou de moyens pour la contacter, les médecins se sont toujours tournés vers les proches du malade.
Finalement émerge cette notion simple. Il nous faut soulager notamment par une sédation complète sans avoir la volonté de tuer. La notion de « sédation terminale » rappelle la fameuse « solution finale » d’Hitler. C’est l’euthanasie. Il faut maintenir l’idée de « sédation en période terminale » sans avoir l’intention de raccourcir délibérément la vie. Ce sera le choix instinctif de tout médecin de bon sens.
Dr Jean-Pierre Dickès
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