Au seuil de sa vie, vacciné à l’ARNm de Pfizer, Joseph Ratzinger, de blanc vêtu comme le qualificatif de pape émérite inventé pour lui l’autorise, a accordé un entretien au quotidien mainstream italien, Il Corriere della Sera. Pour revenir sur sa démission d’il y a 8 ans :
« Il n’y a pas deux papes, ma décision fut prise en conscience ».
Presque exactement huit ans après la conclusion officielle de son pontificat, Joseph Ratzinger, qui aura 94 ans en avril, réitère avec le rédacteur en chef du Corriere della Sera, Luciano Fontana, qu’il n’y a pas deux papes, mais que « le pape, il n’y en a qu’un seul ».
« C’était une décision difficile. Mais je l’ai prise en pleine conscience, et je pense que j’ai bien fait. Certains de mes amis un peu ‘fanatiques’ sont toujours en colère, ils ne voulaient pas accepter mon choix », explique-t-il à Fontana. « Je pense, poursuit Ratzinger, aux théories complotistes qui l’ont suivi : pour certains c’était la faute du scandale Vatileaks, pour d’autres une conspiration du lobby gay, pour d’autres encore les suites du cas du théologien conservateur lefebvrien Richard Williamson. Ils ne veulent pas croire à un choix fait consciemment. Mais ma conscience va bien. »
« La voix est un souffle », décrit le Corriere. Les « phrases » viennent « avec le compte-gouttes ». Le rédacteur en chef du journal décrit un pape émérite au physique fragile mais avec un « esprit clair » et des yeux « alertes et vifs ».
De nombreux autres sujets que l’abdication pontificale sont abordés par le pontife démissionnaire. Il s’enquiert du nouveau premier ministre. Mario Draghi, dit-il, « est également très estimé en Allemagne ». Il tient à évoquer aussi la pandémie, Ratzinger a déjà été vacciné, il a reçu la première dose puis il a reçu la seconde, comme Mgr Gaenswein et la plupart des habitants de la Cité du Vatican. Ainsi que le prochain voyage du pape François en Irak. « Je pense que c’est un voyage très important », explique le pape émérite. « Malheureusement, cela arrive à un moment très difficile qui en fait aussi un voyage dangereux : pour des raisons de sécurité et à cause du covid. Et puis il y a la situation instable en Irak », poursuit-il. « J’accompagnerai François de ma prière. »
Au cours de l’entretien, Benoît XVI parle également du nouveau président américain Joe Biden. Il observe que maintenant, avec Biden à la Maison Blanche en remplacement de Donald Trump, les relations avec le Vatican sont vouées à s’améliorer mais, peut-on lire dans l’article du Corriere, Ratzinger « exprime quelques réserves sur le plan religieux » :
« C’est vrai, il est catholique et pratiquant. Et personnellement, il est contre l’avortement », déclare-t-il. « Mais en tant que président, il a tendance à se présenter dans la continuité de la ligne du Parti démocrate… Et sur la politique de genre, nous n’avons pas encore pleinement compris quelle est sa position. »
Depuis qu’il a renoncé au trône papal, Joseph Ratzinger a vécu dans la Cité du Vatican, au monastère Mater Ecclesiae, avec quatre femmes consacrées de Communion et Libération, les « memores », et le secrétaire Mgr Georg Gaenswein. Les chats et les journaux qui arrivent le matin lui tiennent compagnie. En 2018, toujours dans une lettre adressée au même journal, il a défini la vie d’ermite dans le monastère au milieu des jardins du Vatican comme « pacifique ».
Conclusion du journaliste Fontana qui malgré la déclaration de Ratzinger « de pape il n’y en a qu’un seul » témoigne de l’ambiguïté de la situation, dont même un journaliste du système a conscience :
« Benoît remet en souvenir de l’entrevue une médaille commémorative et un signet avec une photo de lui bénissant : tous deux datent de l’époque où il était Pape. Et encore une fois, émerge le paradoxe non seulement sien, mais d’une Église immergée involontairement dans l’entrelacement inextricable de deux identités papales. […] On pourrait penser que lorsque Ratzinger insiste d’une faible voix que « le Pape est un », il s’adresse certainement aux « fanatiques » qui ne renoncent pas. Pour les rassurer, il s’adresse aux disciples de François qui craignent l’ombre intellectuelle de ce vieux théologien, affaibli avec l’âge. Mais peut-être qu’après huit ans, avec sa voix intérieure, le pape émérite le chuchote inconsciemment aussi à lui-même. »
Francesca de Villasmundo
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