Après la Russie, la France est le second partenaire militaire de l’Inde, qui nous avait déjà acheté 50 Mirage-2000. Avec les céréales et les produits de luxe, le secteur de l’armement est la clé de l’économie française. La vente des Rafale plus le contrat de modernisation électronique de l’aviation indienne (2,2 milliards) feront baisser de près d’un quart le déficit commercial français. Evidemment, tout n’est pas rose dans la signature de ce contrat : outre le fait que l’Inde pourra construire des Rafale sous licence, via l’entreprise indienne d’aéronautique HAL (Hindustan Aeronautics Ltd), le nombre d’appareils acquis par rapport au projet de 2012 est sérieusement revu à la baisse : 36 au lieu de 126. Il faut aussi préciser que les deux contrats (celui des 36 et celui des 126 appareils) étaient deux contrats différents.
Dans un contexte où les tensions frontalières avec la Chine et le Pakistan reprennent de la vigueur, notamment avec ce dernier, l’Inde n’arrive pas à avoir les avions nécessaires pour aligner les 42 escadrilles nécessaires à sa défense : il lui en manque 150. La France va en fournir 36 et un appel d’offre pour 96 avions sera lancé ces semaines-ci par New Delhi.
Jusqu’au bout, la Russie, fournisseur attitré de l’armée de l’air indienne, a tenté de faire capoter le contrat, notamment par le biais de Victor Komardin, le responsable de Rosoboronexport, chargée des exportations militaires russes. Pourtant en trois ans, 17 appareils de conception russe de la BVS (Bhāratīya Vāyu Senā, armée de l’air indienne) se sont écrasés. L’affaire de la non-vente des navires de classe Mistral Vladivostok et Sébastopol, devenus les Nasser et Sadate égyptiens, a amené Moscou à influencer New Delhi pour s’équiper russe plutôt que français. A noter que si la France n’a pu avoir le contrat de 126 avions Rafales, ce n’est pas suite à une intervention étrangère mais tout simplement que cet appel d’offre a été purement et simplement annulé. Il sera représenté sous forme d’un contrat de 96 appareils probablement début 2017, où la France sera en concurrence avec le Sukhoi-35 russe et le F-18 Hornet américain.
La vente du Rafale semble être la seule réussite de ce perdant-né qu’est Hollande. Considéré comme le meilleur avion de combat du monde par le pilote d’essais anglais Peter Collins et par le Département Fédéral de la Défense (le nom du Ministère de la Défense en Suisse), se fondant notamment sur le fait que le Rafale ait surclassé lors de l’Air Tactical Leadership Course de novembre 2009 aux Emirats Arabes Unis les F-22 Raptor américains et les Eurofighter européens, il n’arriva pas à être vendu à l’exportation (15 pays ont refusés de l’acheter, dont le Brésil qui s’est rétracté au dernier moment pour 36 avions, la Suisse, les Pays-Bas, la Corée du Sud, Singapour, le Maroc, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et même… la Libye de Kadhafi qui refusa au dernier moment en 2011 (tiens, tiens…) de nous acheter 14 Rafale commandés en décembre 2007…)
Depuis quelques mois, juste après le fameux refus de la France de vendre les deux navires de classe Mistral à la Russie, la France décroche des contrats d’équipement de la part d’alliés des Etats-Unis : l’Egypte – déjà acquéreur des deux Mistral en a acheté 24 (6 ont déjà été livrés), tout comme le Qatar. Ce soudain succès de notre avion a une incidence sur l’armée de l’air. Les chaines de montages de Dassault ne peuvent fournir que 11 appareils par an. Pour livrer les pays acheteurs qui veulent leur appareil sur le champ, la France est obligée de « dépiauter » son armée de l’Air forte de 90 appareils et alors que celle-ci est engagée dans divers théâtre d’opérations (en Libye, la France a utilisé un tiers de son parc aérien). Ayant montré ses capacités opérationnelles sur le front syrien et devant le fiasco du F-35 Lightning II (devant remplacer le F-16 Fighting Falcon), la France doit fournir 84 Rafale à ses clients, sans compter les appareils en cours de négociation avec l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis (60 avions), la Malaisie, l’Inde (second contrat), la Belgique et la Finlande.
Les chaines de montages du Rafale étaient censées s’arrêter après 225 appareils. Bonne nouvelle pour notre industrie : il va falloir jouer les prolongations pour produire les appareils s’ajoutant aux 180 commandés par l’armée française.
Hristo XIEP
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