Ce n’est pas encore cette année que la France reprendra son rang de première productrice mondiale de vin, ni même la seconde…
Affectée par d’importantes intempéries, notamment dans le Bordelais, l’Alsace et la Charente, la production viticole française pourrait accuser une chute de 17% en 2017 et toucher un niveau historiquement bas, selon les premières estimations établies par le ministère de l’Agriculture.
Le gel printanier n’a pas contribué à arranger le bilan, avec une baisse de production estimée à 50 % dans le vignoble du Bordelais et 30 % tant en Alsace que dans le vignoble de Cognac. La seule éclaircie est la hausse prévue de 8 % dans le Champagne et le maintien de la légère croissance pour le Bourgogne et le Beaujolais.
La production est prévue en perspective haute à 3,82 millions de tonnes de vin (38,2 millions d’hectolitres pour les puristes, je prends la tonne qui est le référent FAO), ce qui est la production la plus catastrophique depuis plus de 60 ans et ce, alors que la production 2016 était déjà mauvaise, effaçant même la désastreuse année 1991 et ses 4,27 millions de tonnes produites (une gelée tardive en avril avait détruit 30 % de la récolte). On est loin de l’année 1979, année record de la viticulture française avec 8,43 millions de tonnes produites.
Alors que le blé a vu sa production mondiale augmenter de 228 % entre 1961 et 2014, celle de vin n’a vu qu’une augmentation de 35 % sur la même période, avec un effondrement relatif de la production des gros producteurs et l’apparition de nouveaux pays producteurs en dehors de l’Europe.
En 1965, la France et l’Italie se partageaient près de la moitié de la production mondiale de vin, se tenant dans un mouchoir de poche (6,84 millions de tonnes pour Paris contre 6,82 pour Rome). Suivaient ensuite l’Espagne, puis, en moindre production, l’Argentine, le Portugal, l’Algérie, l’URSS, les Etats-Unis, la Roumanie et la RFA.
1975 voit l’Italie en tête avec 6,98 millions de tonnes devant la France 6,7 millions, soit un peu moins de 45 % de la production mondiale à elles deux. L’Espagne est toujours solidement ancrée à sa troisième place, l’URSS dépasse l’Argentine, celle-ci devançant les Etats-Unis, la RFA, le Portugal, la Roumanie, l’Afrique du Sud et la Yougoslavie. L’Algérie a vu sa production baisser de 69 %, dépassée par le Maroc, suite à la campagne d’arrachage massif des vignobles (sa production de 2014 équivaut à 3,5 % de celle de 1962 !).
En 1985, la France dépasse les 7 millions de tonnes produites et repasse en tête, l’Italie n’en produisant que 6,23 millions de tonnes, à elles deux toujours 45 % du monde. L’Espagne est toujours 3e, mais talonnée par l’URSS, ces deux pays en produisant 20 %. L’Argentine perd encore une place au profit des Etats-Unis, le Portugal, l’Afrique du Sud, la RFA et la Roumanie complétant le tableau.
La chute du bloc de l’Est permet à l’Allemagne de gagner plusieurs places en 1995 et fait disparaitre l’URSS. L’Italie devance la France d’une courte tête, 5,62 millions de tonnes contre 5,56 millions, dans un contexte mondial de production sinistrée (la production de 1995 n’est que 90 % de celle de 1965) où les deux pays se maintiennent à 44 %. L’Espagne est plus que jamais 3e mais presque rattrapée par les Etats-Unis. L’Argentine, l’Allemagne, l’Afrique du Sud et le Portugal suivent. La Chine fait son entrée à la 9e place, devançant la Roumanie, l’Australie, la Grèce et la Moldavie.
En 2005, premier décrochage des deux grands. La France, redevenue première avec 5,34 millions de tonnes, et l’Italie, second avec 5,05 millions, ne représentent « plus » que 36 %. L’Espagne voit sa production exploser (passant de 2,1 millions de tonnes en 1995 à 3,64 millions), de même que les Etats-Unis (passés sur la même période de 1,87 million de tonnes à 2,89 millions). Le carré d’as des producteurs de vin est donc à 59 %. L’Argentine maintient sa 5e place, devant l’Australie, la Chine, l’Allemagne, l’Afrique du Sud et le Chili.
En 2014, dernière année où la FAO a publié des statistiques complètes, la France perd non seulement sa première place au profit de l’Italie, mais également la seconde, doublée par l’Espagne. La France n’avait alors produit que 4,29 millions de tonnes, contre 4,79 millions aux Italiens et 4,61 millions aux Espagnols. Les deux grands devenus trois contrôlent 47 % de la production, l’ancien duo franco-italien n’en produisant plus que 31 %. Les Etats-Unis sont le 4e pays dépassant les 3 millions de tonnes, laissant une marge importante avec le 5e, la Chine, qui devance l’Argentine, le Chili, l’Australie, l’Afrique du Sud, l’Allemagne, le Portugal et la Roumanie.
Outre la Chine, certains pays voient leur production se développer, le Chili bien sûr, mais également la Nouvelle-Zélande, dont la production est passé de 4.200 tonnes en 1961 à 320.000 tonnes en 2014…
Hristo XIEP
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