Le curé Paul-Émile Labrie de Matane n’est pas un prêtre « tradi ». A le croiser en rue, on ne s’apercevrait pas de son sacerdoce. Mais ce vieux curé de 75 ans appelle le maire de Saguenay, Jean Tremblay, à la désobéissance civile à la suite du jugement rendu cette semaine par la Cour suprême, interdisant la prière au conseil municipal. « Si M. Tremblay fait une prière avant de commencer la séance du conseil de ville et qu’il la fait non pas par principe, non pas pour tenir tête au monde ni pour braver personne et qu’il la fait par conviction profonde, je ne peux que le féliciter et lui dire de continuer », insiste le prêtre de 75 ans.
« Je suis pour le fait qu’on respecte les lois, mais pas à n’importe quel prix. Si c’est fait par conviction, il y aura tout le temps quelqu’un pour venir payer les amendes, ça, c’est clair. S’il va en prison, ils ne le garderont pas longtemps parce que c’est pas un crime. Il y a des gens qui vont en prison parce qu’ils ont fait des crimes bien plus graves que ça, puis ils les gardent pas ! »
Et le prêtre de rappeler qu’il vaut mieux obéir aux lois de Dieu qu’aux lois des hommes…
« (…) mieux vaut obéir à Dieu qu’obéir aux hommes. C’est bien marqué dans l’Évangile. »
Le prêtre est aussi déçu de la réaction du maire de Cap-Chat, Judes Landry, qui priait lui-aussi à l’ouverture du conseil municipal de sa ville et a annoncé son intention de modifier le libellé de sa prière afin qu’on ne puisse plus l’attribuer à la religion catholique.
« C’est quand même tordu, réplique le prêtre. Un chrétien qui s’adresse à Dieu a le droit ! La liberté religieuse, ça existe, même dans une société laïque ! C’est un droit ! »
« Ça pourrait aller jusqu’à rebaptiser toutes les rues et les villes qui portent un nom de saint ou de sainte? Ce serait déraisonnable. »
Le prêtre reprend également l’argument du maire Jean Tremblay, qui avait souligné que la religion fait partie intégrante de l’histoire du Québec.
« Quand Jacques Cartier a planté sa croix, il ne bravait personne. C’était au nom de sa foi. »
Le prêtre souhaite aussi que le crucifix demeure présent dans les institutions politiques.
« Décrocher le crucifix, c’est de l’exagération. Ça va déranger personne qu’il y ait un crucifix ! »
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