Le professeur Luc Montagnier, Prix Nobel de Médecine 2008, est victime en ce moment d’une intense campagne de dénigrement venue essentiellement de l’extrême gauche. L’analyse des tenants et aboutissants de cette campagne permet de soulever un drôle de lièvre.
Rappelons les faits. Le débat sur l’opportunité des vaccinations intensives des nourrissons fait rage. Pendant des années, les partisans de la modération vaccinale ont été représentés par le professeur Henri Joyeux, dont le grand âge servait d’argument à ses détracteurs. Il vient de recevoir un soutien de poids en la personne du professeur Montagnier. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela n’a pas été bien perçu et la presse d’extrême gauche a contre-attaqué de manière foudroyante.
Première offensive, Libération du 7 novembre, sous la plume d’Eric Favereau, dont le statut de grand reporter, bureaucrate dans un hôpital, de plus aux connaissances sujettes à caution (« Éric Favereau a été l’objet de vives critiques, dont sa rédaction en chef a été saisie, pour son approche partisane et mondaine des mouvements d’usagers, tant sur le terrain du SIDA que sur celui de la psychiatrie », précise sa fiche Wikipedia), lui permettent d’apprendre la médecine à un Prix Nobel dans cette discipline… Le ton du texte est digne d’un réquisitoire stalinien :
« Une énième conférence des ligues antivaccinales, après le vote au Parlement élargissant l’obligation vaccinale chez le nourrisson ? Non. Plutôt une pièce de théâtre, et d’ailleurs on se serait cru «au théâtre ce soir», tant le numéro de nos ex-grands pontes de la médecine avait un côté «tournée des veilles canailles» (…) il y avait quelque chose de pathétique à voir ces deux personnages un temps tout à fait respectables discourir comme dans un bistro sur le bien-fondé des vaccins. On les sentait ravis, comme s’ils faisaient un pied de nez au monde entier. Et ce, face à une assemblée où les antivaccins étaient en nombre, avec entre autres le vieux Dr Xavier Dor, militant violent contre l’IVG, mais aussi, étonnamment, l’actrice Julie Depardieu ».
S’en suis un galimatias sans aucun intérêt, le seul but de l’article étant de faire l’équation : Montagnier = extrême droite. Ce genre de sophisme a provoqué des millions de morts…
Seconde offensive, Slate du 10 novembre, sous le clavier de Jean-Yves Nau, un instituteur ayant fait quelques études médicales avant de se tourner vers le journalisme. Même ton de petit Vychinski médiatique, avec une envolée négationniste sur les liens entre certains vaccins et mort subite du nourrisson, en se fondant sur une seule et unique étude britannique pour démentir ce fait constaté par de nombreux médecins. De même que le lien entre certains vaccins et l’autisme. Et de terminer l’article en insistant lourdement sur les convictions chrétiennes du professeur Montagnier et sa proximité avec Jean-Paul II…
La question qui se pose est « pourquoi » ? Quel intérêt a l’extrême gauche de défendre le puissant lobby pharmaceutique. Une rapide recherche donne une piste intéressante. Il y a un point commun entre les deux publications gauchistes. Outre une certaine surreprésentation ethnique dans la direction, on voit dans les deux cas apparaître dans les bailleurs de fonds le nom de Rothschild. Or, le groupe Rothschild s’est livré ces derniers temps à des achats dans le domaine pharmaceutique, notamment le groupe Lafayette, spécialiste dans la vente de médicament discount, acquis en octobre 2016. On retrouve aussi Rothschild derrière le rachat d’Unither Pharma par le groupe Ardian en novembre 2016…
Mais cela va plus loin et dans un autre registre, consubstantiel à la nature même de l’extrême gauche. Le lien entre l’extrême gauche et le Big Pharma est notoire dans au moins un secteur : la pseudo-science psychiatrique. Il y a dans l’extrême gauche cette persistance à croire que l’ennemi est un « fou » que l’on doit rééduquer. L’URSS a été la pionnière de la politisation de la médecine, et les articles précédemment cités montre qu’en chaque individu de gauche existe un pourvoyeur d’asile. Or, c’est avec des médicaments que le « fou » est « soigné ». On baigne dans la même atmosphère de matérialisme, qui ne peut que mener à ce genre de crime. Il est d’ailleurs intéressant de noter l’angle d’attaque contre deux médecins de premier ordre : ils sont considérés comme « gâteux », « fou », liés qui « à la Manif pour tous » ou au « docteur Dor », des « déviants », qui sont « rejetés par les autorités médicales ». Exactement le langage en vigueur dans l’URSS de Brejnev.
Cela n’est pas sans rappeler l’affaire Lyssenko en URSS. Trofim Dessinovitch Lyssenko était un charlatan qui se prétendait un as en agronomie et qui fit envoyer au Goulag un généticien de renommé mondiale, Nikolaï Ivanovitch Vavilov parce que ses théories n’entraient pas dans la politique socialiste. En France, où le PCF tenta d’imposer le lyssenkisme, Jacques Monod rendit sa carte du Parti et se demanda en septembre 1948 :
« Comment Lyssenko a-t-il pu acquérir assez d’influence et de pouvoir pour subjuguer ses collègues, conquérir l’appui de la radio et de la presse, l’approbation du comité central et de Staline en personne, au point qu’aujourd’hui, la vérité dérisoire de Lyssenko est la vérité officielle garantie par l’État que tout ce qui s’en écarte est « irrévocablement banni » de la science soviétique ? (…) Tout cela est insensé, démesuré, invraisemblable. C’est vrai pourtant. Que s’est-il passé ? ». La réponse est donnée par un autre marxiste, Michel Foucault dans Dits et écrits paru en 1994 : « Quand j’ai fait mes études, vers les années 1950-1955, l’un des grands problèmes qui se posait était celui du statut politique de la science et des fonctions idéologiques qu’elle pouvait véhiculer. Ce n’était pas exactement le problème Lyssenko qui dominait, mais je crois qu’autour de cette vilaine affaire qui est restée si longtemps enfouie et soigneusement cachée, tout un tas de questions intéressantes ont été agitées. ».
On tient le point clé du problème. La gauche est dogmatique, haineuse et sectaire. On tue Lavoisier car «la République n’a pas besoin de savant ». On élimine Alexis Carrel pour ses idées politiques, mais sans toucher à des communistes notoires comme Joliot-Curie. On discrédite Mirko Beljanski dont les trouvailles ne doivent être réservés qu’aux apparatchiks (n’est-ce pas, M. Mitterrand ?). Peu importe l’importance de celui qu’on liquide, du moment que sa disparition arrange l’idéologie. Il n’est pas étonnant de voir la surreprésentation des enseignants dans l’extrême gauche. Le but de l’enseignant n’est-il pas de faire apprendre par cœur à l’enfant « ce qu’il y a dans le livre », juvénile aperçu de l’embrigadement par le parti ? Et quand l’enfant sera devenu adulte, remettre en question le dogme lui coûtera plus cher que des coups de règles sur les doigts… On voit toute la quadrature du siècle : sœurs jumelles du matérialisme, internationalisme communiste et capitalisme apatride marchent main dans la main pour leur « meilleur des mondes ». Et malheur à celui qui ne respecte pas les règles de bienséance et – comment dirais-je – tente de s’échapper de la loi pesante du protocole…
Hristo XIEP
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