Du scandale McCarrick à l’encyclique Tous Frères, l’archevêque lance une dure accusation de contre le pape François.
« Le secrétaire d’Etat Pompeo a bien fait de censurer le renouvellement de l’accord secret signé entre Bergoglio et Xi Jinping » déclare, avec des mots sans équivoque, Mgr Vigano à Formiche.net qui présente le prélat en ces termes :
« Archevêque, ancien secrétaire général du gouvernorat du Vatican et nonce apostolique aux États-Unis, figure éminente de l’Église, et en même temps au centre de nombreuses polémiques, du scandale Vatileaks au dossier sur le cardinal McCarrick, il revient s’exprimer en public, et sur Formiche.net il confie son indignation par rapport aux négociations en cours entre la Chine et le Saint-Siège visant à renouveler l’accord sur la nomination des évêques après deux ans. »
Dans cet article sur la plateforme italienne, il apparaît évident que le prélat approuve clairement les propos de Mike Pompeo, secrétaire d’État de Donald Trump qui, dans un discours sur le site conservateur First Things, a dénoncé le renouvellement de l’accord, neuf jours seulement avant sa visite au Vatican, prévue lundi prochain : « Sa dénonciation lucide met en lumière l’attitude aberrante du Vatican, la trahison de la mission de l’Église, l’abandon de la communauté catholique chinoise pour un sinistre calcul politique, l’alignement sur la pensée unique » explique en effet Mgr Vigano.
La position de Viganò sur le pontificat du pape François reste inchangée. Cette affaire d’accord chinois lui permet en revanche de remettre en lumière le rôle joué en ceci par l’ancien cardinal McCarrick au nom du pape François :
« Si nous pensons que parmi les personnalités qui ont collaboré à la rédaction de l’Accord entre le Saint-Siège et le Parti communiste chinois, il y avait le cardinal McCarrick de l’époque, nommé par Bergoglio, nous pouvons également comprendre pourquoi les actes du processus canonique qui a conduit à la réduction à l’état laïc du puissant prélat restent couverts par le sceau du secret. Dans les deux cas une opération de transparence et de vérité est urgente et nécessaire, car l’honneur et l’autorité morale de l’Église Catholique sont en jeu devant le monde. »
Comme le souligne Formiche.net « c’est l’une des attaques les plus dures contre le Saint-Siège depuis que Pompeo a lancé son appel pour annuler le renouvellement de l’accord. Pour Viganò ‘il n’est pas clair pourquoi un accord présenté comme absolument clair et dépourvu de points obscurs ait été sécrété et ne peut pas même être lu par l’éminent cardinal chinois, Joseph Zen’. Jusqu’à présent les réactions du monde ecclésiastique à la déclaration de Pompeo se mesurent avec un compte-gouttes. Un éditorial de Gianni Cardinale dans Avvenire, le journal de la CEI (Conférence épiscopale italienne), a stigmatisé l’intervention, doutant qu’elle puisse ‘changer d’un iota la position du Vatican sur le dialogue avec Pékin’. »
L’ancien nonce apostolique, en revanche, trouve la demande de Pompeo parfaitement légitime. Et en effet il se demande pourquoi, si « Bergoglio peut affirmer impunément que ‘Trump n’est pas un chrétien’ évoquant les fantômes du nazisme et du populisme, pourquoi le secrétaire d’État américain, avec un objectif plus que légitime de sécurité internationale, n’aurait-il pas droit d’exprimer son opinion sur la connivence du Saint-Siège envers la dictature communiste la plus féroce – mais aussi plus puissante et plus influente que jamais ? ». Et encore :
« Pourquoi le Vatican, qui reste silencieux face au soutien des démocrates à l’avortement et à la violation des droits les plus élémentaires en Chine, considère-t-il comme une ingérence indue le fait que l’administration Trump s’immisce dans un accord qui a des répercussions évidentes dans l’équilibre politique international ? »
En Amérique, rappelle Formiche.net, Mgr Viganò a un écho profond parmi les catholiques conservateurs. C’est un point de référence pour le front antibergoglien. Trump lui-même apprécie ses sorties publiques. A tel point qu’en juin il a voulu poster sur twitter une lettre de soutien que lui a adressée l’archevêque qui, dans les tensions qui ont éclaté avec l’affaire Floyd et, en conséquence, dans les élections présidentielles de novembre, y voit une bataille se dérouler entre « enfants de lumière et enfants des ténèbres ». À l’époque, le président s’est dit « honoré » et a invité quiconque, « religieux ou non », à lire la lettre.
L’article précise que pour le prélat, la critique sévère du secrétaire d’État et ancien chef de la CIA de l’accord Chine-Saint-Siège, rentre dans une lecture plus large que l’actuelle administration américaine fait de l’Église de François. Une lecture qui voit dans le Vatican un soutien ouvert à la campagne de Joe Biden pour la Maison Blanche. « Les États-Unis voient les dirigeants et les centres d’influence culturelle de l’Église catholique américaine s’aligner sans vergogne en faveur du candidat démocrate et en général de tout l’appareil qui s’est consolidé au sein de l’administration publique ces dernières décennies », affirme l’évêque avant d’ajouter :
« L’État profond, l’ennemi juré de Trump, est flanqué d’une Eglise profonde qui n’épargne aucune critique ni accusation contre le président sortant, tout en faisant des clins d’œil indécents à Biden et aux BLM, suivant servilement le récit imposé par le courant dominant. Peu importe que Trump soit ouvertement pro-vie et qu’il défende ces principes non négociables auxquels les démocrates ont renoncé : l’important est de transformer l’Église catholique en bras spirituel du Nouvel Ordre Mondial, afin d’avoir une imprimatur de la plus haute autorité morale au monde. Impossible avec Benoît XVI. »
En Italie, Mgr Viganò retrouve le visage le plus authentique de cette même Eglise profonde chez les jésuites, qui, pour la première fois de leur histoire, ont un des leurs sur le trône pétrinien. La critique de l’archevêque est frontale :
« Rechercher dans l’action récente de la Compagnie de Jésus une certaine cohérence avec ce qu’elle était dans les intentions de saint Ignace de Loyola est une tâche ardue, voire impossible, au point de rendre malheureuse, avec le recul, la reconstitution de l’Ordre en 1814, après sa suppression par Clément XIV en 1773. »
Il considère même que le rôle des jésuites dans le « processus de dissolution et d’autodémolition auquel est soumis tout le corps ecclésial » est « décisif ». Ils sont, poursuit l’archevêque, les plus sages tisserands d’interlocutions avec le gouvernement chinois :
« La proximité idéologique de la Compagnie de Jésus avec les mouvements révolutionnaires de gauche remonte au début des années soixante-huit, dont Vatican II a jeté les bases idéologiques et qui ont trouvé leur expression maximale dans la théologie de la libération, après avoir ôté dans les documents préparatoires du Concile la condamnation du communisme. »
Dans le viseur de Mgr Vigano se retrouve également « la revue historique de la Compagnie de Jésus, La Civiltà Cattolica dirigée par le Père Antonio Spadaro, qui depuis toujours étudie et parle avec l’ancien Empire Céleste. Un dialogue qui s’est resserré ces dernières années, avec un va-et-vient des principaux représentants de la politique italienne, voir Romano Prodi, lors des conférences thématiques organisées au siège de l’Ordre à Rome.
« Voir Prodi et Gentiloni avec le Père Spadaro pour la présentation de l’essai Dans l’âme de la Chine ne doit pas scandalisé : ils sont l’expression de ce déplorable ‘catholicisme adulte’ qui ignore la nécessaire cohérence des catholiques en politique espérée par Jean-Paul II et par Benoît XVI, mais qui tient ensemble le bestiaire hétérogène du progressisme au nom de l’environnementalisme malthusien, de l’accueil aveugle des immigrés, de la théorie du genre et de l’indifférentisme religieux approuvé par la Déclaration d’Abu Dhabi », commente Mgr Viganò. Trump, ajoute le prélat, « a bien compris » que le « virage anthropocentrique et le virage vert de l’église bergoglienne », marqués par deux événements à venir, La Convention d’Assise : L’économie selon François, et la prochaine encyclique Tous Frères, ne serait rien de plus qu’une aide aux « questions écologistes et immigrationnistes de l’agenda mondialiste ».
Mais les rangs de ceux qui recherchent soudainement une relation spéciale avec Pékin, accuse Mgr Viganò dans son entretien avec Formiche.net, sont beaucoup plus étendus et ont leur place au sommet de la politique italienne. « A Prodi et à Gentiloni en Italie, et on pourrait aussi dire au Premier ministre actuel Comte, vu son origine et sa formation, font pendant du côté américain des personnages catholiques comme Joe Biden, Nancy Pelosi et Andrew Cuomo : tous fièrement partisans de l’avortement et de l’idéologie de genre, et tous farouchement en faveur des mouvements Antifa et Black Lives Matter, qui mettent le feu à des villes américaines entières. »
Ce n’est pas un hasard si l’Italie reçoit désormais une attention particulière de l’administration Trump, conclut l’ancien nonce à Washington :
« Dans le contexte géopolitique international, le rôle de l’Italie peut paraître à certains égards marginal : en réalité, c’est un laboratoire dans lequel sont menées ces expériences d’ingénierie sociale que l’agenda mondialiste entend étendre à tous les gouvernements au cours des dix prochaines années. Et cela se produit à la fois dans le domaine politique et économique, et dans le domaine religieux. »
On peut saluer le courage de Mgr Vigano qui ne cesse de pointer du doigt les incohérences des politiciens qui se disent ‘catholiques’ tout en rejetant la doctrine catholique, le lien entre cette attitude et la révolution de Vatican II, le soutien quasi-inconditionnel de la sphère bergoglienne au progressisme politique, sociétal, religieux. Mgr Vigano, rappelons-le, est issu du monde conciliaire dont il rejette maintenant la mentalité et l’esprit. Il faut lui souhaiter qu’il persévère dans ce chemin de ‘purification’ en prenant conscience que les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, pour lesquels il a encore les yeux de Chimène, ne sont pas moins coupables que l’actuel pontife argentin dans cette descente aux enfers du monde catholique. Ils ont, avant François, embrassé la révolution conciliaire qui poursuit tout simplement, mais en accélérant la cadence, sa marche en avant progressiste…
Francesca de Villasmundo
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