Les Québécois francophones vivent bien. Loin des vexations du passé, ils sont aujourd’hui maîtres chez eux et bénéficient du dynamisme économique du Canada anglophone qui a, finalement, toujours fait beaucoup pour garder sa « Belle Province ». L’idée de l’indépendance, ravivée au dernier référendum perdu de 1995, commence à perdre de son intérêt.
Le français est la seconde langue du Québec. Ceux qui peuvent parler anglais refusent moins de le faire qu’à l’époque du nationalisme québécois enflammé par la fameuse visite de Charles de Gaulle, en juillet 1967, à l’Exposition universelle de Montréal : « Vive le Québec ! Vive le Québec Libre ! » , avait cru devoir dire le « grand homme » depuis le balcon de l’hôtel de ville.
De Gaulle, homme de droite aligné sur les idéaux républicains, n’aurait pas dû séduire les Québécois hippies de la « Révolution tranquille » des années 60. Un fossile comme de Gaulle n’aurait pas dû les attirer. De Gaulle était fâché que les Anglais aient gagné les guerres indiennes, deux cents ans plus tôt, et que la France ait dû abandonner ses enfants aux Anglais. La France se sentait également humiliée, après la Seconde Guerre mondiale, éclipsée par les Anglo-Saxons. Pour prouver l’indépendance de la France, de Gaulle engagea une politique étrangère agressive.
Oui, les Anglais ont fait souffrir les francophones au Canada. Il y a eu le nettoyage ethnique des Français de l’Acadie. Beaucoup ont été exilés en Louisiane. Oui, l’élite anglophone méprisait les Français, les traitant de paysans. Oui, la langue française commençait à perdre son influence en 1967.
Mais il y a d’autres choses à savoir. Lorsque l’Angleterre a absorbé le Canada, au 18e siècle, elle a adopté un ensemble de lois pour se concilier les Québécois. L’Acte du Québec a créé l’Église catholique au Québec, a permis aux Québécois de vivre sous les lois civiles françaises plutôt que sous la common law anglaise. L’Angleterre protestante, intolérante, accordait aux Québécois un ensemble de concessions qui n’étaient accordées nulle part ailleurs dans l’empire. Si l’Angleterre avait fait de telles concessions aux Irlandais, la moitié des guerres anglo-irlandaises n’auraient jamais eu lieu.
Bien sûr, les protestants américains étaient furieux de cette concession à l’Église catholique et craignaient que leurs droits civils et leurs protections en vertu de la common law soient retirés. La loi québécoise était, en fait, destinée à affaiblir la force croissante des colonies anglophones. Si ces colonies se rebellaient, comme aux Etats-Unis,le Québec demeurerait fidèle. C’est exactement ce qui arriva à la bataille de Québec, en 1775. L’Amérique perdit. L’Acte du Québec avait acquis la loyauté québécoise. Le clergé catholique, qui avait prospéré grâce à cet Acte du Québec, était pro-Britannique, hostile à l’indépendance du Québec. Le privilège du clergé, autant que le travail des Francs-maçons, a nourri la « Révolution tranquille » qui a sécularisé le pays en une dizaine d’années. Les Québécois finirent par garder l’identité française sans le catholicisme, arrivant finalement au même bilan que la France de 1789
Malgré les différences sociales réelles, la Loi sur la Confédération du Canada de 1867 officialise l’égalité de l’anglais et du français et l’égalité des droits. Les Québécois n’ont jamais voulu se défaire de leur identité française. Ils ont réclamé une foule de concessions au Canada, comme les emballages bilingues sur les articles du commerce. Le déclin du français a été arrêté au Québec, aux dépens des anglophones qui ont dû quitter la province.
Aujourd’hui, les jeunes Québécois anglophones sont plus susceptibles de discrimination, fondée sur la langue, que les membres de la majorité francophone du Québec. 78 % des Québécois sont francophones. Seulement 8 % sont anglophones, bien que le bilinguisme soit commun à 43% de la population. L’arabe est à la troisième place, avec 2 % des Québécois, une bonne partie de ces Arabophones étant des chrétiens libanais francophones.
Six premiers ministres canadiens ont été francophones. Avec seulement un quart de la population du Canada, le Québec est bien représenté. Oui, il y a eu des préjugés dans le passé. Le Manitoba, bien que fondé par les Français, n’avait que des lois anglaises jusqu’en 1985. Seulement 8 % sont anglophones, bien que le bilinguisme soit commun à 43% de la population. Il est vrai que les orangistes, descendants protestants d’Irlande du Nord, ont eu un certain poids. Mais il y a maintenant plus de catholiques au Canada que de protestants. Et des millions d’Anglo-Canadiens apprennent le français à l’école. Alors qui a vraiment gagné la guerre des langues ?
Les séparatistes ont perdu leur référendum sur l’indépendance, en 1995, à très peu de voix. Depuis, le séparatisme grandit partout dans le monde, sauf au Québec. Les Québécois sont maîtres dans leur propre province et ont obtenu l’égalité partout ailleurs dans le pays. Le Québec reste une base séparatiste, mais elle n’est plus significative.
Une des raisons de la sérénité des Québécois est qu’ils sont payés par le reste du Canada. Les Québécois se rendent compte que rester au Canada, même avec ses défauts historiques, présente plus d’avantages que d’inconvénients. Ils maîtrisent leur langue, sont traités à égalité et bénéficient de la manne financière de l’ouest anglophone.
Richard Bourhis, professeur de psychologie à l’Université du Québec à Montréal, étudie les attitudes des anglophones et des francophones à l’égard du Québec. Il est surpris de découvrir, qu’en dépit des transformations qui ont frappé la société québécoise au cours des 50 dernières années, l’attitude des jeunes anglophones et des francophones est à la suspicion mutuelle.
Bourhis a interrogé 421 étudiants sur les relations linguistiques, l’identité et la possibilité de déménager dans une autre province. Les résultats montrent que les jeunes anglophones et les francophones estiment que la survie de leur communauté est menacée par l’autre groupe linguistique. La majorité des anglophones interrogée pensaient que la plupart des francophones aimerait voir la communauté anglophone diminuer.
L’étude a révélé un écart important entre les opinions des étudiants francophones et anglophones sur leur propre avenir au Québec. Les francophones déclarent, plus que les anglophones, avoir de bonnes chances d’avoir une bonne carrière au Québec. Ni les anglophones ni les francophones ne sont enthousiamés par un déménagement aux États-Unis. ,
Certains anglophones déclarent être victimes de discrimination dans les magasins, les banques ou les restaurants et, dans une proportion légèrement plus faible, au travail. Le langage est le motif de la discrimination.
Les anglophones sont donc plus motivés à déménager dans une autre province du Canada pour laisser derrière eux les tensions linguistiques au Québec. Les impôts plus bas et l’aventure motivent également ces jeunes anglophones.
Alors que la migration anglophone au Québec a diminué de façon spectaculaire depuis 1976-198, le Québec continue de perdre plus de résidents anglophones qu’il n’en gagne.
Étant donné les gains socio-économiques spectaculaires dont jouit la majorité francophone, depuis 50 ans, au Québec, il est de plus en plus difficile de nourrir l’indépendantisme québécois.
Source : americanthinker.com et Montreal Gazette
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