A Hong-Kong, il y a soixante-cinq ans, une poignée de Français s’est jointe aux britanniques de Hong Kong pour défendre la ville dans une bataille perdue d’avance contre les envahisseurs japonais. C’était la France, celle de l’honneur et du panache.
Leur sacrifice, aujourd’hui complétement oublié en France, a marqué la ville. Les noms de ces six héros sont encore gravés sur la stèle usée qui leur rend hommage dans un coin du cimetière militaire britannique de Stanley, sur une colline dans le sud de l’île de Hong Kong .
«Je ne vois pas pourquoi on devrait les oublier», dit François Dremeaux, président du comité du souvenir des Français à Hong Kong. «Mon effort consiste à les rappeler à nos mémoires », ajoute ce professeur d’histoire qui a écrit une thèse sur la présence française à Hong Kong dans la période de l’entre deux guerres. Il estime qu’il y a beaucoup à apprendre de ces hommes qui, en 1941, ont choisi de se battre à 10.000 kilomètres de leur patrie.
« Hong Kong était une enclave britannique, rien ne les obligeait à la défendre », ajoute-il. «Nous ne pouvons même pas dire qu’ils défendaient leur colonie. Ils ont défendu une idée, la liberté. Ils l’ont fait sans y être obligés, ce qui rend leur sacrifice encore plus noble. »
En Juin 1940, beaucoup des Français de Hong Kong, ils étaient environ 400 à la fin des années 1930, avait déjà fui en Indochine. Le 8 décembre 1941, quelques heures après leur attaque surprise sur Pearl Harbor, les Japonais envahissent Hong Kong. Des Français rejoignent alors le Corps des volontaires de la défense de Hong Kong, établi par la Grande-Bretagne, pour soutenir les forces régulières. La bataille dure 17 jours.
Six noms sont inscrits sur la stèle. Parmi eux, Armand Delcourt, un marchand de 42 ans, qui était venu à Hong Kong en 1926 et avait épousé une femme eurasienne. Il y avait également le capitaine Roderic Peu, en transit depuis Shanghai lorsque l’invasion avait commencé, Henri Belle, une marin passant par Hong Kong, et Paul de Roux, le directeur de la Banque d’Indochine.
Peu et Belle avaient été tous deux capturés et envoyés dans des camps de détention où ils étaient morts. Roux n’avait pas directement pris les armes mais mis en place un réseau de résistance. Arrêté et torturé, il s’était suicidé pour empêcher l’ennemi de le forcer à parler.
Armand Delcourt, blessé de deux coups de baïonnette le 21 décembre, en défendant une colline stratégique, avait été exécuté deux jours plus tard, deux jours avant que le gouverneur britannique ne se rende, le jour de Noël. Le 5 janvier 1942, brutalisée par les Japonais, sa femme enceinte avait donné naissance prématurément, dans une église de Hong Kong, à une fille. Celle-ci ignorait les circonstances de la mort de son père jusqu’à ce qu’elle reçoive bien plus tard, alors qu’elle vivait en Australie, une lettre d’un ami de son père. «J’aurais aimé avoir connu mon père. Quand j’ai lu la lettre, j’ai compris qu’il était un homme de principe. » Nous aurions tous aimé connaître de tels hommes.
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