Philippe Prévost, juriste et historien, est l’auteur d’une dizaine de livres.
Les éditions Kontre Kulture ont eu la bonne idée de rééditer ce livre paru pour la première fois en 2001.
L’origine de ce livre débute avec une réflexion de son auteur sur l’état de l’Eglise catholique et le concile Vatican II qui l’a « protestantisée ». Mais à y réfléchir, Philippe Prévost comprend vite que les problèmes dans l’Eglise apparaissent bien avant le le concile Vatican II.
Ainsi, la révolution conciliaire nous envoie-t-elle à un autre événement majeur de l’histoire de l’Eglise : la condamnation de l’Action française en 1926. Et de 1926 à 1939, année de la mort du pape Pie XI, l’épiscopat français fut renouvelé de fond en comble pour passer d’une majorité nettement hostile à la République et à son fondement laïc à une quasi unanimité en sa faveur.
Mais ce bouleversement s’est accompagné d’un autre : quand, après les décisions du pape, les prêtres demandèrent aux lecteurs de L’Action française de cesser de lire ce journal ou de se retirer des organisations catholiques, les chefs royalistes répondirent que si leur présence était jugée corruptrice, ils appelaient leurs partisans à cesser de participer à toute forme d’activité d’une association catholique. Sur le plan intellectuel, ce fut un désastre, les partisans de l’Action française étant aussitôt systématiquement remplacés par des modernistes et des libéraux. Les agents de la subversion pouvaient commencer à exiger une réforme de l’Eglise, qu’ils voulaient sur tous les plans : liturgique, missionnaire, théologique. Ce n’était plus aux hérétiques d’aller à la vérité, mais à l’Eglise d’abandonner la Vérité pour aller vers eux. Tel fut bien, plus tard, l’un des grands axes de Vatican II, qui se poursuit encore aujourd’hui.
L’auteur n’omet pas pour autant de rappeler que l’origine de la crise de l’Eglise est antérieure au dernier concile ainsi qu’à la condamnation de 1926. Philippe Prévost nous renvoie tout naturellement à une histoire oubliée de nos jours, au premier ralliement et à ce qui s’est passé à la suite de la parution de l’encyclique Au milieu des sollicitudes. Ce livre retrace les faits avant d’essayer de comprendre les raisons psychologiques, politiques et religieuses qui ont pu pousser un pape à accomplir un tel acte, puis en analyse les conséquences.
Dans sa conclusion, l’auteur rappelle que Vatican II a été le concile qui a fondé une autre religion, une religion née en 1789, incompatible par conséquent avec celle du Syllabus, incompatible avec ce que l’Eglise, qualifiée de constantinienne, avait défendu et enseigné depuis la révélation et qui prétend réconcilier le Christ et le monde, oubliant que les deux sont antinomiques.
L’Eglise et le ralliement, Philippe Prévost, éditions Kontre Kulture, 560 pages, 19 euros
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