L’organisation Médecins Sans Frontières a annoncé vendredi que l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest était désormais « hors de contrôle« .
Le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée sont contaminés par cette « deuxième vague » de l’épidémie. Des cas suspects sont également signalés au Mali. Mais Bart Janssens, directeur des opérations médicales de MSF, constate l’inefficacité des gouvernements africains ainsi que de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) devant ce fléau.
Sur les 528 malades recensés ces deux dernières semaines dans cette partie de l’Afrique, au moins 337 sont déjà morts. Ce ne sont là que des chiffres provisoires. La fièvre Ebola commence généralement de façon anodine, par des symptômes comme la toux et une fatigue intense qui sont souvent négligés, puis se manifeste rapidement par des vomissements, des diarrhées et d’effrayantes hémorragies. Dans 9 cas sur 10, la mort survient en une semaine. A ce jour, il n’existe aucun vaccin contre ce terrible virus extrêmement contagieux. De simples changements de draps ont, par le passé, entraîné la contamination mortelle de membres du personnel médical.
Equipes médicales françaises sur place
Des équipes de l’Institut Pasteur et des médecins de différentes ONG sont arrivées fin mars à l’aéroport de Conakry, capitale guinéenne, avec pour mission de « limiter au maximum » le risque de transmission de l’épidémie sur le sol européen.
Pourtant, les vols entre les pays contaminés et la France ne sont toujours pas interrompus. Le Sénégal est plus efficace : il a fermé depuis plusieurs semaines ses frontières terrestres avec la Guinée. Et l’Arabie saoudite a interrompu l’octroi de visas aux Guinéens. Mais à Conakry, on continue à embarquer à destination de Roissy…
Il faut cesser de manger des chauves-souris ainsi que les viandes de brousse
Les consignes médicales aux populations africaines sont essentiellement orientées vers les question d’alimentation. Selon divers épidémiologistes, les chauves-souris seraient en grande partie responsables de la transmission du virus à divers animaux sauvages comme, notamment, les singes. Il est donc recommandé avec insistance aux Africains de ne plus consommer ni chauves-souris ni viandes de brousse. Mais faute de contrôles, ces recommandations ont un effet très limité, et singes, rats et autres rongeurs se retrouvent encore sur les étals.
Or, le consommateur de ces nourritures à haut risque, une fois contaminé, devient ultra-contagieux à la fois par le sang, le sperme, la sueur, la salive ainsi que les selles.
Viandes de brousse importées clandestinement en France
Le grand souci, c’est notamment le trafic de viandes de brousse entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe. Une enquête publiée en 2010, sur base du travail des services de douane ainsi que de la société zoologique de Londres, avait estimé que cinq tonnes de nourriture « potentiellement contaminée » débarquaient chaque semaine à l’aéroport Charles de Gaulle en provenance du Cameroun, de Centrafrique, du Congo,…
Ces estimations inquiétantes se voyaient confirmées en octobre 2012, lors de l’Opération Hope menée par les douanes. « En France ont été saisis près de 813 kg de viandes d’origines diverses (dont 318 kg provenant d’animaux sauvages), plus d’une tonne de poissons et mollusques, 1,2 tonne de fruits et légumes et plus de 70 kg de chenilles. Les agents des douanes ont trouvé de la viande de serpent, de crocodile, de chèvre, de bœuf, de mouton, d’éléphant, d’antilope, de porc-épic, de pangolin, de singe,… La grande majorité de ces produits ont été saisis à Roissy sur des passagers en provenance d’Afrique de l’Ouest.«
A l’époque déjà, les douanes insistaient sur le risque sanitaire que faisait courir cette importation clandestine de nourriture transportée dans des conditions d’hygiène inqualifiables. Les douanes mettaient en garde contre l’intrusion en France de maladies comme la grippe aviaire, la fièvre aphteuse et… le virus Ebola.
Plus récemment encore, en décembre 2013, la police et les services sanitaires avaient fait une descente dans le quartier Château-Rouge (XVIIIe arrondissement de Paris), connu pour ses boutiques et restos africains. Les découvertes avaient été significatives : morceaux de viandes de singes, de gazelles, de rongeurs et… de chauves-souris.
Il faut interrompre les vols en provenance des pays contaminés
Les hôpitaux français ont reçu toutes les indications concernant le protocole à suivre en cas d’urgence liée à un malade porteur du virus Ebola. Mais lorsqu’on sera arrivé à ce stade, il sera trop tard.
Il faut que les gouvernements européens prennent rapidement des mesures courageuses. Il faut, bien sûr, continuer à tenter de vaincre le virus en Afrique. Mais il faut sans tarder interrompre les vols en provenance des pays contaminés et renforcer les contrôles douaniers sur tous les vols en provenance de l’Afrique de l’Ouest.
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