Vivement contestée par une petite frange de cardinaux au sein de l’Église, l’exhortation Amoris Laetitia de François concernant la famille vient d’être fortement défendue par le patriarche orthodoxe de Constantinople, grand ami du pape actuel, dans les colonnes de L’Osservatore Romano.
A bas les cardinaux romains des « dubia » et vive le schismatique Bartolomé invité par le Vatican à dispenser son enseignement pas très catholique à des fidèles romains désorientés par les innovations de François.
« Amoris Laetitia » est un document qui « rappelle avant tout et surtout la miséricorde et la compassion de Dieu, et non seulement les normes morales et les règles canoniques des hommes. »
écrit Bartolomé dans le quotidien vaticanesque.
« Quand nous parlons de Dieu, le langage descriptif que nous adoptons est celui de l’Amour. Et quand nous parlons d’amour, la dimension fondamentale que nous lui attribuons est celle divine. Pour cela l’apôtre de l’amour définit Dieu comme Amour (St Jean, 4, 8) »
explique le patriarche qui poursuit en faisant remarquer que l’exhortation de son ami a été publiée au même moment que la visite de François et lui-même à Lesbos dans un camp de « réfugiés. » Synchronisation temporelle qu’il voit comme la marque visible de cette « solidarité » que le pape a envers les familles, qui transparaît, selon lui, dans le document pontifical « la joie de l’amour », et envers les migrants. Amour, familles, migrants, Bartolomé profite, d’ailleurs, de son association de thèmes pour distiller sa petite propagande immigrationniste en faisant une allusion à la nécessaire intégration des clandestins, « responsabilité de chaque croyant sincère ». Comme François, il se permet aussi de décréter qui est bon et qui est méchant sur la base de l’idéologie migratoire : tu es bon, tu aimes, si tu es pour l’immigration-invasion, tu es méchant si tu es contre !
« Naturellement Amoris Laetitia, continue-t-il en revenant au thème de l’exhortation, touche le cœur même de l’amour et de la famille, exactement comme elle touche le cœur de chaque personne née en ce monde. C’est ainsi parce que les questions les plus délicates de la vie familiale reflètent les questions fondamentales de l’appartenance et de la communion. Soit qu’elles concernent les défis du mariage et du divorce, soit qu’elles concernent la sexualité et l’éducation des enfants, se sont toutes des fragments délicats et précieux du mystère sacré de la vie. »
Visiblement conquis par ce document bergoglien, le patriarche Bartolomé prolonge sa réflexion en donnant aux fidèles catholiques son explication théologique personnelle d’Amoris Laetitia, explication qui s’accorde parfaitement, il faut l’avouer, avec la pensée révolutionnaire du pape actuel. Il est étonnant cependant de voir un orthodoxe défendre bec et ongles une exhortation romaine ambiguë et tendancieuse, qui soulève de nombreuses questions doctrinales et théologiques, et venir expliquer au monde catholique en quoi elle est conforme à la doctrine. On aimerait savoir de quelle doctrine il parle : de celle des orthodoxes ou de celle des catholiques ?
En tout cas, après avoir fait allusion aux divers commentaires et évaluations que cette exhortation a soulevés, il conclut qu’
« Amoris Laetitia rappelle avant tout et surtout la miséricorde et la compassion de Dieu, et non seulement les normes morales et les règles canoniques des hommes. Dans le passé » continue-t-il, « les personnes étaient, indubitablement, étouffées et empêchées par la peur qu’un « père céleste » de quelques manières que ce soit dictait les us et coutumes humains. C’est exactement le contraire et les chefs religieux doivent rappeler à eux-mêmes et ensuite aux autres que Dieu est vie et amour et lumière. »
En résumé, pour Bartolomé, les normes et règles canoniques de l’Église romaine régissant le sacrement de mariage depuis des siècles ne sont que de simples us et coutumes humains auxquels on nie toute inspiration divine. Rétrogradation radicale de la disciple matrimoniale catholique traditionnelle par un orthodoxe fondamental opposé à la doctrine latine sur la question, les schismatiques orientaux admettant le divorce et le remariage sacramentel! C’est de bonne guerre mais cela n’a, normalement, rien à faire dans les colonnes d’un quotidien dépendant du Saint-Siège romain ! Sauf qu’avec François, tout change et Bartolomé applaudit à ce changement. Ne nous dit-il pas qu’après les ténèbres de l’obscurantisme rigoriste romain, l’avènement de Jorge Maria Bergoglio a permis à la lumière d’une nouvelle doctrine sur le mariage d’éclairer le monde, ce dernier pape
« discernant l’expérience et les défis de la société contemporaine dans le but de définir une spiritualité du mariage et de la famille pour le monde actuel. »
Et puisque ces nouvelles normes sacramentelles contenues dans Amoris Laetitia s’accordent avec la doctrine de l’Église orthodoxe, normal donc que Bartolomé encense ce texte apostat et son auteur dans l’Osservatore romano ! Les derniers paragraphes de son texte vont dans ce sens, ils sont un éloge de la pastorale humaniste et naturaliste bergoglienne qu’il estime être la vraie voie de la miséricorde de Dieu :
« Dans les premiers mois de l’année jubilaire de la miséricorde, il a été vraiment opportun que le pape François ait, et rencontré les familles des « réfugiés » malheureux en Grèce, et embrassé les familles dont il est le pasteur de par le monde. Ainsi faisant il a, non seulement invoqué l’infinie charité et la compassion inconditionnelle du Dieu vivant sur les âmes les plus vulnérables, mais il a aussi suscité une réponse personnelle de la part de ceux qui ont reçu et lu ses paroles, si ce n’est de toutes les personnes de bonne volonté. (…) La conclusion de l’exhortation papale sera donc aussi notre conclusion et réflexion : « Ce qui nous est promis est toujours plus. Ne désespérons pas à cause de nos limites, mais ne renonçons pas non plus à chercher la plénitude d’amour et de communion qui nous a été promise. »
Pas vraiment catholique pour les catholiques, Amoris Laetitia est donc orthodoxe pour les orthodoxes. Source de divisions, et peut-être d’un futur schisme au sein de l’Église conciliaire, elle est, en revanche, un trait d’union avec l’Église schismatique orthodoxe… Ce sont les étranges voies bergogliennes convergeant vers une étrange unité chrétienne, là-aussi pas très catholique.
Francesca de Villasmundo
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