Ce fut Paul VI qui le premier, en 1967, utilisa cette notion de Développement Humain Intégral afin de désigner une « une vocation de l’être humain à la croissance » pour « accéder à une existence plus digne » parallèlement à la prospérité économique et technique des nations. La théorisation du développement humain intégral naît d’une volonté de compléter cette quête de prospérité par une vision nouvelle du développement qui promouvrait « tout homme et tout l’homme » (Paul VI, 1967, nº 14). Le concept du DHI est la vision d’un monde où tous les gens peuvent vivre en réalisant tout leur potentiel, satisfaire leurs besoins physiques de base de manière durable, tout en vivant avec dignité dans une société juste et pacifique.Cette doctrine s’appuie sur le concept de « dignité humaine » et est un instrument d’émancipation au service de l’être humain :
« Il ne s’agit pas seulement de vaincre la faim ni même de faire reculer la pauvreté. Le combat contre la misère, urgent et nécessaire, est insuffisant. Il s’agit de construire un monde où tout homme […] puisse vivre une vie pleinement humaine, affranchie des servitudes qui lui viennent des hommes et d’une nature insuffisamment maîtrisée » (Paul VI, 1967, nº 47). «
Ayant comme fondement le progressisme ambiant qui fait rêver l’humanité à des lendemains qui chantent, ce Développement Humain Intégral qui aspire à l’intégration des spécificités religieuses dans les stratégies de développement étroitement liés à la mondialisation et à l’environnement, a les caractéristiques d’un messianisme mondialiste inéluctable, « la construction d’un monde » où l’homme en est le centre.
Depuis cette fin août 2016, cette doctrine aura son dicastère romain. Fruit des réformes de la Curie lancée par le pape argentin, le gouvernement central de l’Église voit donc l’apparition de ce tout nouveau dicastère qui fusionnera, à partir du 1er janvier 2017, « les compétences de quatre Conseils pontificaux qui seront alors dissous : Justice et paix, Cor Unum, pour la Pastorale de la santé, mais aussi des migrants et des personnes en déplacement. Un préfet a été nommé, le cardinal ghanéen Peter Turkson, actuel président de Justice et Paix. Avec un secrétaire et au moins un sous-secrétaire qui pourront être des laïcs, si possible du monde entier, il supervisera trois commissions centrées sur la charité, l’écologie et les opérateurs sanitaires. Une section sera spécifiquement consacrée aux phénomènes migratoires » explique le service de presse du Vatican.
Le Motu Proprio, publié mercredi 31 août 2016, signé de la main de François, qui institue ce nouveau dicastère pompeusement créé pour « le Service du Développement Humain Intégral » affirme que « ce développement intégral de l’homme à la lumière de l’Évangile se réalise à travers le soin que l’on porte aux biens incommensurables de la justice, de la paix et de la sauvegarde de la création ». C’est pourquoi, continue le Motu Proprio « le Successeur de l’Apôtre Pierre, dans son action en faveur de l’affirmation de ces valeurs, adapte continuellement les organismes qui collaborent avec lui, afin qu’ils puissent mieux correspondre aux exigences des hommes et des femmes que ces organismes sont appelés à servir. »
Dans ces quelques lignes introductives du Motu Proprio, tout le naturalisme anthropocentrique de la nouvelle religion issue de Vatican II éclate au grand jour. Ce n’est plus le soin que l’on porte à la conversion des âmes au seul et unique Dieu, la Sainte Trinité, et à Jésus-Christ, Fils de Dieu incarné, par l’enseignement et le respect des commandements divins, ce n’est plus la recherche du salut éternel, qui sont le fondement du développement harmonieux et équilibré de l’homme, la source de la véritable justice et de la paix, le ferment du respect de la création divine. Mais ces valeurs humanistes qui s’épanouissent follement dans les « questions qui concernent les migrations, les personnes dans le besoin, les malades et les exclus, les personnes marginalisées et les victimes des conflits armés et des catastrophes naturelles, les détenus, les chômeurs et les victimes de toute forme d’esclavage et de torture. «
Les quelques paragraphes qui décrivent le but de ce dicastère pourraient tout aussi bien décrire les buts d’une quelconque ONG au service d’une fraternité universelle par la promotion de ces valeurs humanistes, sociétales et écologiques, en défense des migrants, des marginaux, et de la « maison commune » etc., « valeurs » modernes qui sont les nouvelles vertus que l’on demande aux catholiques conciliaires de pratiquer… ad nauseam !
Et pour témoigner à la face du monde de cette mission sociétale et écologique, nouvel astre qui oriente la religion conciliaire vers sa fatalité anthropocentrique et mondialiste, François, idéologue migratoire, s’engage lui-même au sein de ce dicastère humaniste, mirage d’un possible bonheur sur terre universel sans Jésus-Christ… Il s’occupera personnellement de la section réservée aux migrants. Cela n’était jamais arrivé auparavant qu’un pape conduise une section spécifique !
« Une section du nouveau dicastère, affirme la note qui accompagne le Motu Proprio, exprime de manière spéciale la sollicitude du pape pour les réfugiés et les migrants. En effet il ne peut y avoir aujourd’hui un service du développement humain de la personne sans une particulière attention au phénomène migratoire. Pour cela cette section sera guidée ad tempus par le Souverain Pontife. »
Le soleil conciliaire, plus qu’estival, égare vraiment les têtes ecclésiales…
Francesca de Villasmundo
http://www.news.va/fr/news/creation-par-le-pape-dun-dicastere-pour-le-develop
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