Le Pontife a été tout d’abord s’agenouiller devant la statue blanche et or de la Madone couronnée, à l’intérieur de la petite chapelle des apparitions. C’est là qu’elle s’est manifestée aux trois petits bergers il y a cent ans. Il a déposé une Rose d’or pour Notre Dame de Fatima, en signe de l’union physique ou spirituelle avec tous les pèlerins de Fatima.
«Avec Marie en pèlerin d’espérance et de paix» est la devise de ce voyage que le pape conçoit plus comme un pèlerinage auprès de la «Reine du Rosaire de Fatima» pour implorer la paix. Dans sa prière il a demandé «la concorde entre tous les peuples» et de suivre « l’exemple des bienheureux François et Jacinthe » pour « abattre les murs » et « vaincre les frontières ». Et de poursuivre :
«Nous serons une Église vêtue de blanc, de la pureté blanchie dans le sang de l’agneau versé aujourd’hui encore dans toutes les guerres qui détruisent le monde».
En récitant cette supplique pour une paix mondiale utopique, et dans laquelle il assimile abusivement l’humanité souffrante à l’Agneau rédempteur, il a notamment utilisé pour se désigner lui-même l’expression d’ « évêque vêtu de blanc. » Ce sera sa seule allusion, il faut le signaler, au troisième secret de Fatima en cette première journée dédiée au centenaire des apparitions.
Le soir même, il s’est adressé à la foule présente sur l‘esplanade du sanctuaire où il a développé sa vision de Marie en recentrant son message sur la pauvreté, l’injustice et l’exclusion sociales tout en exposant sa théologie de la Miséricorde divine à saveur protestante. Dans son homélie, il évoque il est vrai souvent Marie mais pour lui nier, en résumé, son rôle d’avocate entre nous et Dieu :
«Pèlerins avec Marie… Quelle Marie ? La “Bienheureuse pour avoir cru” toujours et en toutes circonstances aux paroles divines (cf. Lc 1, 42.45), ou au contraire une “image pieuse” à laquelle on a recours pour recevoir des faveurs à bas coût ? La Vierge Marie de l’Evangile, vénérée par l’Eglise priante, ou au contraire une Marie affublée d’une sensibilité subjective qu’on voit tenir ferme le bras justicier de Dieu prêt à punir : une Marie meilleure que le Christ, vu comme un juge impitoyable ; plus miséricordieuse que l’Agneau immolé pour nous.
On commet une grande injustice contre Dieu et contre sa grâce quand on affirme en premier lieu que les pécheurs sont punis par son jugement sans placer avant – comme le manifeste l’Evangile – qu’ils sont pardonnés par sa miséricorde ! Nous devons faire passer la miséricorde avant le jugement et, de toute façon, le jugement de Dieu sera toujours fait à la lumière de sa miséricorde. Evidemment la miséricorde de Dieu ne nie pas la justice, parce que Jésus a pris sur lui les conséquences de notre péché avec le châtiment mérité. Il ne nie pas le péché mais il a payé pour nous sur la Croix. Et ainsi, dans la foi qui nous unit à la Croix du Christ, nous sommes libérés de nos péchés ; mettons de côté toute forme de peur et de crainte, parce que cela ne convient pas à celui qui est aimé. »
La miséricorde divine selon François, c’est la « miséricorde pour tous », le pêcheur repentant comme le pêcheur non-repentant. Rappelle-t-il la nécessité de se repentir, de faire pénitence, de réparer ses péchés pour obtenir cette miséricorde que Dieu, et l’Église l’annonce depuis 2000 ans, veut donner à tout homme de bonne volonté ? Que nenni. Même pas une allusion !
Aussi ses affirmations, « la miséricorde de Dieu ne nie pas la justice, parce que Jésus a pris sur lui les conséquences de notre péché avec le châtiment mérité. Il ne nie pas le péché mais il a payé pour nous sur la Croix. Et ainsi, dans la foi qui nous unit à la Croix du Christ, nous sommes libérés de nos péchés », accouplées à sa grave occultation de la repentance et de la réparation nécessaires donnent à la conception bergoglienne de la miséricorde une couleur particulièrement protestante. En effet, pour Luther la foi consiste à croire que par son sacrifice sur la Croix le Christ sauve les hommes en les libérant de leurs péchés sans aucune action de leur part pour œuvrer à leur salut. Quelle similitude entre cette doctrine luthérienne et ce message du pape François à Fatima ! Et quel éloignement de la doctrine catholique résumée dans cette sentence de saint Augustin : « Dieu qui t’a créé sans toi, ne te sauvera pas sans toi».
Il est bien évident que si le sacrifice du Christ recouvre d’un manteau tous les péchés d’un homme passif face à son salut puisque ce dernier est déjà assuré par la simple croyance en une miséricorde absolue et arbitraire, il ne peut y avoir de recours en une avocate auprès de Dieu pour obtenir ce pardon divin, fut-elle la Mère de Dieu. Ce serait illogique. La Vierge Marie n’est plus alors que la pleine expression de la miséricorde de Dieu :
«Que chacun de nous puisse devenir, avec Marie, signe et sacrement de la miséricorde de Dieu qui pardonne toujours, qui pardonne tout»
déclare François.
A Fatima, Notre-Dame a pourtant a dit :
» Je suis Notre-Dame du Rosaire. Je suis venue pour exhorter les fidèles à changer de vie, à ne pas affliger par le péché Notre- Seigneur qui est tant offensé, à réciter le rosaire, à se corriger, et à faire pénitence de leurs péchés. »
Elle a prévenu que pour obtenir la paix dans le monde il fallait également « dire le chapelet tous les jours avec dévotion » associé à la pratique de la communion réparatrice des premiers samedis du mois et à la consécration au Cœur Immaculé.
En 1917, Notre-Dame a donc appelé les hommes à la vraie conversion au Christ mais a demandé aussi la consécration de la Russie, de la façon qu’elle a prescrite. Autrement a-t-elle prédit « la Russie répandra ses erreurs dans le monde entier provoquant des guerres et des persécutions de l’Église », c’est-à-dire que le communisme répandra ses méfaits. Sa demande n’ayant pas été respectée, ce fut le cas : en un siècle, la doctrine marxiste a commis ses ravages non seulement sur les corps mais surtout dans les esprits et les âmes.
Elle a érigé en principe absolu temporel et spirituel la trilogie révolutionnaire Egalité-Liberté-Fraternité ; elle a influencé, sous couvert d’apporter plus de liberté, de fraternité et d’égalité à l’humanité tout entière, bien des prélats et théologiens du concile Vatican II et ainsi révolutionné l’Église et intronisé une religion de l’Homme à la place du culte au vrai Dieu ; elle a endoctriné subversivement les mentalités catholiques qui se retrouvent assujetties, aujourd’hui plus que jamais, à un politiquement et religieusement correct qui pousse les âmes dans les bras du relativisme et du subjectivisme, du personnalisme et du matérialisme, de l’apostasie collective. Le pape François est l’illustre serviteur, inconscient espérons-le, de cette véritable dictature intellectuelle communiste qui s’est abattue sur le monde et qui persécute la vraie doctrine catholique.
En conséquence, cent ans après à Fatima, en ce lieu marial par excellence où la Mère de Miséricorde est venue rappeler à tout homme l’importance de la prière et de la pénitence pour être sauvé et pour obtenir la paix, il n’est pas étonnant que le pape argentin ait délivré un tout un autre message, plus conforme à la religion anthropocentrique conciliaire et à la pensée unique. Il n’a donc parlé ni de pénitence, ni de sacrifices, ni des millions d’âmes qui tombent en enfer et que pourtant Notre-Dame a montré aux petits bergers, ni de la dévotion au Cœur Immaculé ni du triomphe de la Mère du Ciel. Vatican II avait refusé à la Vierge son rôle de médiatrice de toutes les grâces, el papa argentin, à Fatima, lui nie sa mission d’avocate afin de mieux délivrer son message égalitariste et libertaire sur une miséricorde divine frelatée, subjective, personnaliste, humaniste, fraternelle. En clair une miséricorde humainement correcte, qui ne sauve donc personne…
Le pape aurait pu être n’importe où ailleurs qu’à Fatima : au siège de l’ONU à New-York, à l’université musulmane al Azhar d’Egypte, au temple luthérien de Rome, pour dispenser cette doctrine nouvelle.
Parce qu’en somme, à Fatima, il a soigneusement évité de parler du message de Fatima !
Francesca de Villasmundo
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