Africaniste de renom, considéré comme l’un des meilleurs experts français sur le sujet, Bernard Lugan a été conférencier à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) ainsi qu’à l’Ecole de Guerre. Ensuite, il avait même été Professeur à l’ESM de Saint-Cyr jusqu’en 2015, lorsque son cours fut suspendu à la demande du cabinet du ministre de la Défense.
Ces jours-ci, Bernard Lugan vient d’être la cible d’une nouvelle censure. Laissons-lui la parole :
Des civils exerçant semble-t-il les fonctions de « commissaires politiques » au sein du ministère des Armées (MINDEF), ont fermé l’accès à mon blog pour tous les ordinateurs mindef, et cela, tant dans les administrations que dans les Écoles ou les Corps de troupe.
Cette censure intervient au moment où L’Afrique Réelle publie un numéro spécial consacré au Mali dans le contexte de la recrudescence des actions islamistes armées dans ce pays. Un numéro dans lequel sont longuement analysés les phénomènes ayant conduit à l’impasse actuelle et les solutions qui pourraient être apportées.
Cette censure est aussi ridicule que vaine. Le filtre censurant l’accès unique géré par le MINDEF me permet en effet de constater que les visites de mon blog explosent et cela, grâce aux multiples connexions privées dont les militaires disposent tout à loisir, chez eux, à l’abri des « fichards « du ministère.
Cette censure ne pénalise donc que celles de nos forces qui ont le plus besoin d’avoir une vision complète de la situation, celles qui sont projetées sur le terrain, au Sahel, et qui ne disposent que des ordinateurs de service. Voilà donc des hommes et des femmes qui risquent chaque jour leur vie et qui, par le sectarisme ou le simple caprice de certains lapins de coursive planqués dans un ministère malheureusement confié à des civils, sont privés d’un éclairage qui pourrait leur être utile.
L’Afrique Réelle qui fête son 100e numéro et qui entre dans sa dixième année, se rit naturellement de cette censure liberticide. Grâce à la fidélité de ses abonnés, et en dépit des coups répétés, « avec le calme des vieilles troupes », la revue continuera à analyser la situation africaine à travers le seul prisme du réel. Ce réel qui agace tant les idéologues et qui met quotidiennement à mal les petites certitudes d’envieux dont, comme le disait le poète vaudois Louis-Auguste Martin, « la haine ne meurt que sur la ruine du mérite qui leur portait ombrage ».
Bernard Lugan
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