G. Lenotre (1855-1936), membre de l’Académie française, est l’un des plus importants historiens populaires français du vingtième siècle.
Ce livre est une reconstitution presque journalière de la vie de la Reine Marie-Antoinette devenue prisonnière aux Feuillants, au Temple, puis à la Conciergerie. N’y figurent que les faits relatés par des témoins oculaires, de ceux qui, à un titre quelconque, ont pu pénétrer jusqu’à la Reine pendant la période comprise entre le 10 août 1792 et le 16 octobre 1793. Ces témoignages ne sont pas ceux de gentilshommes de la Cour ni d’historiographes à brevet. Les faits sont rapportés par une concierge, un garçon d’office, un tapissier, une servante, un gendarme, un balayeur…
Ces relations ne manqueront pas d’émouvoir le lecteur en dévouvrant l’obscure cave de la Conciergerie où agonisa la malheureuse Marie-Antoinette. Elles surprendront en constatant l’embarras mal dissimulé des commissaires de la Commune, esprits étroits, gens sans éducation, pour la plupart, acceptant la tâche de garder les prisonniers, venant au Temple par une sorte de bravade, tout secoués d’une grosse joie vulgaire à l’espoir d’entendre gémir Capet et de rabattre le caquet de l’Autrichienne. A mesure qu’ils approchent de la Tour, une vague pitié les gagne; une angoisse les étreint lorsqu’ils empruntent l’escalier; devant les détenus un instinctif respect, maladroitement déguisé, fait taire les plus hâbleurs et amollit les plus rudes. Ces gens simples, artisans ou boutiquiers, sont gênés du rôle dont on les a investis; sans qu’ils en conviennent, ils ont honte de voir le Roi et la Reine dans cet étroit logement, bas de plafond. Ce sentiment de confusion est si réel que, bientôt, les municipaux évitent la corvée du Temple et qu’on ne trouve plus pour la remplir, que certains membres de la Commune, toujours les mêmes, dont le dévouement est acquis aux prisonniers.
Une autre face de ces descriptions ne surprendra pas moins : c’est le calme, on pourrait dire l’insouciance des prisonniers et l’espèce de camaraderie familière qu’ils apportaient dans les relations avec leurs gardiens.
Les témoignages groupés sur les dernières heures de la Reine sont saisissants, bouleversants.
La captivité et la mort de Marie-Antoinette, G. Lenotre, éditions Perrin, collection Tempus, 416 pages, 10 euros
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