Un problème qui devrait en premier concerner Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières. La structure a d’autres problèmes : devenue de plus en plus imposante, elle a fait l’objet d’une enquête d’Olaf, l’organisme antifraude interne de l’UE. L’Agence semble être devenue une machine mangeuse d’argent avec beaucoup de dépenses folles, qui ont très peu à voir avec la lutte contre l’immigration illégale.
De 2015 à 2019, Frontex a dépensé 2,1 millions d’euros pour cinq événements annuels, que l’agence organise comme une autocélébration. Le journal EUobserver a passé en revue les budgets et a constaté que 94 000 euros avaient été dépensés en un seul dîner au luxueux restaurant Belvedere à Varsovie. Les invités étaient 800 même si on ne sait pas combien étaient réellement présents. Le sommet a été atteint avec l’événement à Sopot, une station balnéaire renommée de la mer Baltique où aucun migrant n’arrive par bateaux. Pour l’événement, les contribuables européens ont déboursé 580 152,22 €.
Le bureau de presse de l’Agence a déclaré qu’ « avant la comparution du covid, Frontex avait décidé de ne plus tenir l’événement » interrompu en 2020. Il est dommage que d’autres dépenses discutables aient également été mises à jour : Frontex a dépensé 1 million d’euros pour le poste « réunions ». Sans oublier les détails : 17 500 euros pour huit fauteuils finlandais en cuir noir ou 137 000 euros pour refaire le logo de l’agence. Un dîner de Noël des employés a coûté 22 000 euros et une vidéo d’entreprise diffusée par Fuori dal coro montre un cadre qui explique franchement : « Nous avons diverses activités de groupe comme la voile, l’opéra et les matchs de football ». Les employés au siège de Frontex dans le centre de Varsovie sont 1500 et coûtent chaque année 20 millions d’euros. Le budget de Frontex est passé de 6,3 millions d’euros en 2005 à 1,1 milliard d’euros cette année. Et en 2027, on s’attend à ce que l’Agence dispose d’une « armée » de 10 000 personnes.
L’Office européen de lutte antifraude (Olaf) a ouvert une enquête, confirmée en janvier, non seulement sur les dépenses folles. En décembre, cependant, il avait perquisitionné les bureaux de Leggeri, le directeur de Frontex, et de son chef de cabinet pour un contrat douteux avec une société informatique polonaise. Ces derniers jours, certains documents sont apparus, déjà appelés « dossiers Frontex », sur des rencontres avec des lobbyistes dans le domaine de la sécurité, qui n’auraient pas respecté les règles strictes fixées par Bruxelles. De 2017 à 2019, plus de 70% des réunions (105 sur 149) ont eu lieu avec des personnes non certifiées dans le registre de transparence de l’UE. Cinq réunions régulières ont également eu lieu avec Leonardo, l’un des principaux groupes internationaux du secteur aéronautique, spatial, de télécommunications et de satellites. Frontex s’intéresse aux drones et à la technologie de surveillance des frontières ainsi qu’à la reconnaissance biométrique.
En attendant, le dernier débarquement en Italie concerne 32 migrants arrivés avec un voilier dans la province de Reggio de Calabre. Sans parler de l’Ocean Viking, fleuron des ONG, appartenant à SOS Méditerranée, qui a trouvé un port ouvert en Sicile pour y amener 422 migrants (125 mineurs) récupérés au large des côtes libyennes à Augusta. Jusqu’à hier soir, 49 avait le covid, mais ce n’est pas grave, le confinement et strictes mesures ne sont que pour les autochtones…
Dans le viseur de l’Union Européenne se retrouve aussi le directeur de Frontex, Fabrice Leggeri, la « bête noire » des ONG d’extrême-gauche, les talibans de l’accueil à tous prix et de nombreux eurodéputés, notamment de gauche. Alors l’enquête de Olaf, est-ce une campagne organisée pour éliminer Leggeri et réduire Frontex ? Et ainsi affaiblir la lutte officielle, déjà bien mince, contre l’immigration illégale…
Francesca de Villasmundo
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