On pense que 3.000 hommes y sont partis, les uns portant la chemise verte du Tercio, la légion étrangère espagnole, les autres la chemise bleue de la Phalange, les militants de l’Action Française rejoignant les unités carlistes de Navarre, les Requetes. Parmi eux, on note le futur Compagnon de la Libération et député européen FN Michel de Camaret, le futur membre de l’état-major du général Juin en Italie en 1943 de Decker, Yves Bernanos le fils de Georges, Noël de Tissot qui terminera sa vie et sa carrière dans la 33e division SS Charlemagne, Luc Robet qui terminera la sienne déporté au camp nazi de Neuengamme, les Camelots du Roi et futurs résistants Auguste-Pierre Combe et Luc Robert et, déjà derrière un micro à Radio-Saragosse, Jean-Auguste Hérold-Paquis.
C’est dans les rangs des Requetes qu’Henri Bonneville de Marsangy combat, à la tête de la 2e compagnie du bataillon San Fernando, rattachée à la 6e brigade de Navarre. Ayant franchi les Pyrénées dès le début du conflit, il a participé aux batailles de Mérida, Badajoz, Madellin, Talavera et à la libération de l’Alcazar de Tolède. Le 10 février, son unité participe à la prise de la ville de Llanes. Le capitaine tombe héroïquement au combat, à la tête de ses hommes. En 1954, c’est son fils Roland, officier parachutiste qui avait à peine connu son père (il était né en 1930), qui tombe lui aussi à 25 ans dans la grande croisade contre l’horreur bolchévique à Diên Biên Phu. L’un est mort pour la liberté du peuple espagnol, l’autre pour empêcher l’asservissement du peuple vietnamien. Au moins, ils ne sont pas morts pour la République, leur sacrifice n’a donc pas été inutile.
Dans leur Histoire de la Guerre d’Espagne, Robert Brasillach et Maurice Bardèche, signalent que la bandera Juana de Arco comptait quelques 300 hommes, plus quelques volontaires venus de Suisse et de Belgique, ce qui parait peu par rapport au camp communiste. Il est vrai que les nationalistes, ce qui paraît logique, n’aiment pas aller se faire tuer pour un pays qui n’est pas le leur. Seules de grandes croisades idéologiques comme la lutte contre le bolchevisme de 1941 à 1945, peut fédérer les énergies. Rajoutons à cela le fait que Franco voulait gagner la guerre seul, n’acceptant les étrangers qu’à titre symbolique (contingent français, irlandais, portugais, finlandais), à titre d’instructeurs (allemands) ou parce qu’il ne pouvait pas faire autrement (italiens), une peu plus de 179.000 non-Espagnols combattirent à ses côtés. La question se pose également : si Blum était si philo-communiste, pourquoi n’a-t-il pas envoyé l’armée française en Espagne ? A cela, plusieurs explications : la première, est que l’armée française – traumatisée par la boucherie de 14-18 – n’avait pas tellement envie de refaire une seconde guerre. De plus, beaucoup d’officiers se seraient légitimement révoltés à l’idée d’aller se faire tuer pour imposer une horreur communiste en Espagne qui, n’en doutons pas, aurait atteint la France lors de l’étape suivante. La seconde tient au profil de Blum. Il est juif certes, se revendique comme marxiste certes, mais est surtout avocat d’affaires, lié à de gros trusts anglo-saxons. Or, si ces derniers frétillent d’impatience à l’idée de rayer de la carte une Allemagne avide d’indépendance et de liberté, la question espagnole était plus complexe. En effet, les trusts miniers américains, dirigés par les familles juives Rothschild et Guggenheim, voyaient fermer leurs mines espagnoles de par l’incurie républicaine alors qu’une fois en zone nationaliste, elles recommencent à produire. On peut faire une comparaison avec le Chili de Pinochet. Dans les deux cas, révolution des classes moyennes contre un régime en voie de soviétisation. Dans les deux cas, un général prend le commandement de la révolte et sacrifie les forces révolutionnaires de droite au profit des milieux d’affaires. Dans les deux cas, neutralité bienveillante des milieux financiers juifs, Franco de par ses origines juives et la meilleure santé économique de son état ; Pinochet par haine contre Allende dont le passé antisémite, même tue officiellement, était probablement connu. Dans les deux cas, aucune base solide donnée au régime et écroulement de celui-ci dès le départ du général. Voilà pourquoi Blum n’est pas intervenu : ses maîtres de Wall Street n’arrivaient pas à faire entendre raison aux anarchistes et étaient parvenus à un accord de principe avec Franco. Leçons à méditer pour l’avenir. Père et fils, les Bonneville de Marsangy ont été unis dans la mort. Dans les steppes glacées de Russie, dans les jungles moites d’Indochine, dans les montagnes arides de l’Espagne, des hommes sont tombés pour défendre les libertés, le sang, le travail, la civilisation. Sonnerie aux morts…
Hristo XIEP
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