Elaine Smith, député travailliste de Coatbridge et Chryston au Parlement écossais, a voté le 5 Février contre la redéfinition du mariage bien que sachant être en minorité parmi les parlementaires. En effet: 105 députés écossais ont voté en faveur du « mariage » entre personnes de même sexe, 18 ont voté contre dont elle.
Cette minorité pro-famille, petit mais courageuse et plurielle, était composée de :
– 7 députés du Parti national écossais (dont trois ministres): Dr Alasdair Allan (ministre du gouvernement), Richard Lyle, Angus MacDonald, John Mason, Roseanna Cunningham (ministre), Fergus Ewing (ministre), Dave Thompson,
– 8 députés du parti conservateur : Gavin Brownm, Alex Fergusson, Murdo Fraser, Alex Johnstone, Jamie McGrigor, Nanette Milne, Margaret Mitchell, Liz Smith,
– 3 députés du parti travailliste: Michael McMahon, Siobhan McMahon et Elaine Smith.
Au cours des débats, Elaine Smith s’est beaucoup documenté sur le sujet et a étudié les situations au Canada et en Angleterre. Elle a réussi à rallier contre la dénaturation du mariage les votes de deux autres députés travaillistes (Michael McMahon et Siobhan McMahon) qui en de précédentes occasions s’étaient abstenus.
«Comme socialiste, la justice sociale et l’égalité sont au sommet de mes priorités, mais ici ce n’est pas une simple question d’égalité», dit Elaine Smith. « S’opposer à la redéfinition du mariage protège les gens de foi, et je pense qu’il était impératif que mes électeurs qui sont opposés à la redéfinition aient une voix au Parlement. »
Elaine Smith conseille aux politiciens d’autres pays amenés à traiter cette question d’être courageux. « Les hommes politiques peuvent avoir peur de prendre position contre la proposition de légaliser le mariage entre personnes de même sexe. J’encouragerais ceux qui ne veulent pas voir redéfini le mariage à se lever pour défendre leur position et leurs électeurs. J’ai personnellement reçu beaucoup plus de messages contre la redéfinition du mariage qu’en sa faveur ».
Est-ce qu’Elaine Smith avait l’habitude de lutter contre le lobby gay?
Non, bien au contraire. Comme elle l’a déclaré dans son discours du 20 novembre au Parlement écossais, «l’ironie est que j’ai passé 12 ans au service de la commission pour l’égalité des chances, et nous avons introduit les unions civiles entre personnes de même sexe … Personne ne m’a alors accusé d’homophobe, bien au contraire ».
Comme d’autres hommes politiques catholiques « naïfs », ignorants de l’enseignement catholique qui interdit tant l’union civile que le « mariage » entre personnes de même sexe de même que l’adoption d’enfants par des homosexuels, Elaine Smith a peut-être pensé que ces unions civiles avec possibilité d’adoption satisferaient les exigences du lobby homosexuel et permettraient de ne pas aller plus loin. Bien sûr, cela n’a pas été ainsi. Approuver les unions civiles entre personnes de même sexe a été, dans tous les pays, une première étape vers la dénaturation du mariage.
Malgré ses 12 ans au « comité de l’égalité », Elaine Smith s’est faite insultée et menacée lorsqu’elle a pris officiellement position contre la dénaturation du mariage. « Depuis que j’ai dit que ce n’était pas acceptable de dénaturer le mariage, on m’a attaquée sur ma religion et on m’a étiquetée « homophobe » et « discriminante », on m’a comparée au Ku Klux Klan et quelqu’un a suggéré que je brûle sur un bucher comme une sorcière», a-t-elle expliqué au Parlement.
«C’était une cascade d’insultes personnelles, notamment sur les réseaux sociaux, mais aussi par e-mails».
Ce député a également noté que le Parlement a organisé une « consultation » populaire sans lui donner un pouvoir décisionnel : 67% était contre la dénaturation du mariage. Les députés ont ignoré le résultat de cette consultation populaire et ont refusé un référendum sur le mariage. La Croatie est le seul pays en Europe qui a choisi de confier aux citoyens le pouvoir de décider s’il fallait redéfinir le mariage et le peuple croate a rappelé avec force que le mariage est l’union de l’homme et de la femme.
« J’ai passé beaucoup de temps à étudier ce problème et j’ai pris ma décision sur la base de mes recherches, en accord avec mes électeurs et mes propres convictions religieuses », a déclaré le député socialiste catholique.
« Pour les catholiques, le mariage est un sacrement entre un homme et une femme et ce fait a un impact certain sur mon point sur le sujet ». « C’était parfaitement clair dans mon esprit que je ne pouvais voter en faveur de ce projet de loi qui entrait en conflit avec ma religion. »
« A mesure que le débat se poursuivait, ils ont souligné ma religion, disant qu’elle ne devrait pas influer sur ma décision. »
Le catholicisme a été interdit en Ecosse durant 250 ans, poursuivi par un régime calviniste presbytérien. Des clans entiers de catholiques furent déportés en Amérique, abandonnant leurs terres aux anglicans propriétaires. Dans les îles que dirige l’évêque Toal, la foi s’est maintenue sans prêtre et sans messe, de génération en génération, entretenue épisodiquement par la visite risquée de quelques prêtres irlandais. Puis, à l’ère industrielle, le catholicisme a été perçu comme la religion des immigrants irlandais, avec tous les éléments de conflits ethniques et de classe que cela signifie. Aujourd’hui, l’immigration demeure un facteur : il y a plus de messes en polonais qu’en gaélique écossais.
« La société en Ecosse est de plus en plus laïque et cela entrapine une attaque contre le christianisme en particulier. Je pense que nous verrons de plus en plus de tentatives juridiques d’éroder les valeurs chrétiennes. Il y a déjà la proposition actuelle de légaliser le suicide assisté, l’opposition à la représentation chrétienne dans les écoles municipales et des propositions visant à supprimer toute référence au christianisme ».
De fait, la réglementation sur le « mariage » gay en Ecosse n’a presque rien apporté de nouveau aux duos de même sexe par rapport à la précédente législation…
Par contre, la nouvelle loi pourra être utilisée comme une arme pour harceler le christianisme et revendiquer des messes de mariage pour ces duos homosexuels, sous peine de considérer l’Eglise comme pratiquant la discrimination.
Le problème surgit déjà pour des agences d’adoptions catholiques: la Société d’adoption St Margaret voulait défendre son droit, en tant qu’institution catholique, à ne pas placer des enfants en adoption chez des duos de même sexe. Elle a dû dépenser £ 50,000 (€ 61,000) en frais de justice. Elle a gagné mais cela a été extrêmement coûteux et épuisant. Beaucoup d’autres institutions chrétiennes en Ecosse, plus petites et disposant de moins de moyens financiers, ne peuvent pas se permettre ces batailles juridiques..
D’autre part, Aidan O’Neill, juriste en charge de Scottish QC (Conseil royal) , a affirmé, lors de la phase de consultation parlementaire, que cette loi permettrait de congédier un enseignant catholique pour refus d’enseigner tout ce qui découle des nouvelles lois, ou qu’un aumônier du système de santé national pourrait être poursuivi pour continuer à parler contre le mariage entre personnes de même sexe, même en dehors du lieu de travail…
Il y a aussi la question des droits parentaux. «Des parents viennent à moi, dit Elaine Smith, des parents avec des enfants dans les écoles non-confessionnelles mais préoccupés par l’éducation sexuelle à l’école primaire. Oui, ils peuvent refuser d’envoyer l’enfant en classe, mais ils craignent que l’enfant subisse ensuite l’intimidation et la pression des enseignants. Et maintenant que le mariage homosexuel est légal … l’éducation sexuelle le reflètera! »
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