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Avec l’élection de Donald Trump, la fin du monde est-elle proche? On pourrait le croire, à lire la presse, dite libérale, américaine. Mais, comme toujours, les médias exercent leur effet d’amplification bien connu.
En fait, la venue de Donald Trump à la Maison Blanche ne mérite ni cette indignité ni cet excès d’honneur. Il ne faut voir dans les quelques manifestations sporadiques ici et là que la manifestation d’une fixation frénétique quasi obsessionnelle à l’encontre d’une personnalité dont on peut dire que la « planche a été soigneusement savonnée » par les médias américains pénétrés, en majeure partie, de l’idéologie démocrate. Rarement leur mauvaise foi et leur manque de modération n’a été aussi clairement mise en lumière.
Il faut leur trouver des excuses néanmoins dans le fait, évident, que le président élu est atypique au plus haut point. D’abord il est blanc, ce qui est déjà fâcheux dans l’atmosphère de conformisme tous azimuts qui s’est installé depuis des décennies en Amérique ou seul le Noir est beau, les minorités estimables défavirisées et l’américain blanc moyen détestable.
Non seulement il est blanc mais, pire encore, il est blond, circonstance aggravante dans un temps où un teint bistre est considéré comme beaucoup plus avenant. Pour comble de provocation, il est très riche, chevelu et sa mèche ne doit rien à une perruque postiche comme certains journalistes bien intentionnés n’ont pas manqué de le prétendre. Enfin, horreur, c’est un séducteur, bref, le diable en personne.
Ceci étant, que n’a-t-on écrit dans la presse pour torpiller la candidature Donald Trump ? C’était un mégalomane à demi fou, menteur, voleur, avec d’évidents penchants pervers en matière sexuelle. Comment ! Il avait, encore adolescent voici plusieurs décennies, tenus des propos de corps de garde dans les vestiaires de sport. Shocking, shocking (oubliant commodément au passage les parties fines un peu poussées de Bill Clinton dans le Bureau ovale de la Maison Blanche avec la jeune stagiaire Monica Lewinsky, ce qui a valu à ce dernier d’être mis en procédure d’impeachment).
Dans une certaine mesure, ces excentricités médiatiques outre atlantiques sont rafraichissantes pour un esprit français. Après tout, il n’y a pas que chez nous que le fanatisme exacerbé engendre la mauvaise foi, le parti pris le plus dévergondé à base de demi mensonges ou de mensonges tout court.
La rage des médias américains est d’autant plus forte que les évènements ont mis en lumière de la façon la plus cruelle, non seulement leur incapacité à prévoir les évènements, mais plus encore, leur incapacité à influer sur ces évènements. C’est un quasi sacrilège. Car cela veut dire que « le roi est nu ». Cette aura de toute puissance dont les médias aux Etats-Unis adorent s’entourer ne serait après tout qu’un pitoyable trompe l’œil dont l’opinion publique, celle de l’Américain moyen, n’a « rien à cirer ». Et c’est lui qui vote et qui a fait la majorité qui a porté Donald Trump au pouvoir. Avouons qu’il y a de quoi devenir enragé. Car c’est à leur fonds de commerce que l’on s’attaque ici, à leur gagne-pain. L’affaire est grave.
Ceci étant, l’élection de Donald Trump ne signifie pas la fin de la civilisation occidentale ni la plongée dans un océan de barbarie. Le président américain a certes, de grands pouvoirs, pour autant que le Congrès ne se mette pas en travers du chemin. C’est ce qui s’est passé pour le malheureux Obama dont les efforts pour instaurer un semblant d’Etat Providence ont été systématiquement contrariés par un Congrès républicain profondément hostile.
Donald Trump ne devrait pas connaître ce genre de difficultés, du moins dans les débuts de son mandat. Plus tard, on ne sait pas. La vie politique connait parfois de curieux revers de fortune.
Si on a abondamment épilogué sur les conséquences internes de son slogan électoral, América first, car il ne s’agit que de cela pour l’instant, il lui reste à décliner les implications de cette déclaration d’intention sur le plan intérieur mais plus encore extérieur.
Vis à vis du Mexique, les Etats-Unis vont encore resserrer le cordon sanitaire mis en place de longue date et ajouter quelques kilomètres de barbelés supplémentaires. Et après ? Mais cela ne va pas faire disparaître pour autant les mouvements migratoires irrésistibles qui poussent les Mexicains, auxquels s’ajoutent les migrants accourus de toute l’Amérique latine, qui viennent chercher aux Etats-Unis la sécurité, les emplois, la sécurité sociale dont ils manquent tragiquement chez eux.
Trump a déjà manifesté son peu de considération pour l’Europe, Angela Merkel comprise, sauf pour la Grande Bretagne chaudement félicitée pour son Brexit. Mais reste à savoir si les actes vont suivre. Sa bienveillance affichée pour Vladimir Poutine va-t-il se traduire par un retrait, effectif ou relatif, de l’OTAN ? Va-t-il benoitement lever les sanctions, donner son aval à l’annexion de la Crimée, à la rébellion prorusse du Donbass, laisser la Russie intimider l’Ukraine, les pays Baltes, la Géorgie, la Finlande ; faire pression sur l’Azerbaïdjan, l’Arménie, et pourquoi pas, tant qu’on y est, la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie ?
A vrai dire, un tel scénario, bien que toujours concevable, reste peu probable car des résistances virulentes en Angleterre, en Allemagne et en France ne manqueraient de remonter promptement à la surface. Un président américain ne peut pas, à lui seul, d’un revers de main, bouleverser la carte du monde et notamment rompre l’équilibre géo stratégique qui s’est péniblement établi en Europe depuis 70 ans , sauf à déclarer une sorte d’état de guerre diplomatique qui lui serait tôt ou tard fort préjudiciable. Talleyrand disait jadis que l’on peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’assoir dessus. L’Amérique de Trump peut tenter de s’assoir sur l’Europe, mais elle pourrait s’attendre en retour à en ressentir promptement des effets indésirables
Aussi puissante que soit l’Amérique, elle a besoin d’alliés, comme toute nation à vocation hégémonique, sauf à se replier sur elle-même et à rétrécir dramatiquement son périmètre d’influence dans le monde. Et cela même l’Amérique ne peut se le permettre sans risques excessifs en termes économiques, commerciaux et en fin de compte militaires. L’isolationnisme de jadis n’a plus cours. Car, dans l’arène mondiale, un rival de poids vient de monter dans le ring : la Chine. L’Amérique peut-elle l’affronter seule ?
C’est à voir. Et c’est là que risque de se former inopinément un abcès de fixation géopolitique inattendu qui pourrait, du jour au lendemain, revêtir un tour littéralement dramatique et mener le monde une fois de plus au bord d’un conflit nucléaire. On songerait ici naturellement à la crise des fusées d’octobre 1962, il y a 55 ans, avec Fidel Castro et Nikita Khrouchtchev aux commandes, l’un à Cuba, l’autre à Moscou, qui avait poussé le monde au bord d’une guerre nucléaire mondiale.
Il s’agit de la Corée du Nord et de son président, le dictateur Kim-Jung-Un, le troisième du nom de cette sinistre dynastie de fous. Il règne par la terreur aussi bien sur sa population apeurée mais aussi sur sa propre famille qu’il n’hésite à massacrer à l’occasion sans aucun scrupule.
On connait l’affaire dans ses grandes lignes. Comment ce petit pays minuscule, coincé entre la Chine et la partie Sud de la péninsule coréenne a émergé de la fin de la guerre de Corée de 1953 comme un glacis protecteur pour la Chine et un laissé pour compte pour les Etats-Unis lassés d’une longue guerre sans issue.
Mais voilà que le nabot placé à la tête de cette malheureuse nation, de grotesque devient dangereux. Année après année, il puise sans compter dans les maigres ressources de cette population réduite à l’esclavage et à la famine. Car la Corée du Nord ne survit que grâce à l’aide alimentaire massive de la Chine et aussi de l’Occident qui a cédé à son chantage. Cet effort démesuré du minuscule dictateur nord-coréen a pour but de constituer, aussi vite que possible, un arsenal nucléaire redoutable, bombes et fusées, susceptible de frapper les Etats-Unis sur leur territoire même, sous le prétexte fallacieux de protéger d’une éventuelle attaque américaine. Il s’agit en fait de permettre la survie de ce régime odieux.
La Corée du Nord disposerait de 10 à 16 bombes nucléaires Le 8 mai 2016, ce dernier pays aurait procédé à un essai de tir d’un missile sous-marin et travaille activement à la mise au point d’un missile intercontinental à longue portée susceptible d’emporter une charge nucléaire. Le 9 septembre 2016, la Corée du Nord a procédé à une explosion nucléaire de moyenne ampleur, la 6° depuis 2006. Cet essai a soulevé, comme d’habitude, une tempête de protestations de la part de la communauté internationale dont la Corée du Nord, comme d’habitude, n’a tenu rigoureusement aucun compte. Mais ce petit jeu subtil pourrait venir à son terme.
En effet, la Chine a cru longtemps pouvoir jouer sur les deux tableaux. Elle avait à l’origine soutenu et armé le régime nord-coréen. Mais elle est de plus et plus fatiguée de cet incommode partenaire dont elle perçoit bien qu’il risque fort de lui créer les difficultés intolérables , non seulement sur le plan commercial, et la Chine en est fort dépendante pour financer sa croissance, mais aussi le plan militaire. La dernière chose que souhaite la Chine est de se lancer, directement ou indirectement dans une guerre ouverte ou larvée à ses portes. Car cela ne manquerait pas de remettre radicalement en question tout l’édifice de prospérité laborieusement édifié depuis Deng Xiao Ping dont dépend l’équilibre politique interne du régime.
De leur côté, les Etats-Unis ont longtemps toléré les aboiements lointains de ce roquet nucléaire agressif. Mais voici que l’affaire tourne maintenant au vinaigre avec le renforcement de sa capacité de nuisance nucléaire.
Pour ne rien arranger, il y existe déjà un sérieux contentieux avec la Chine, cette dernière reprochant aux Etats-Unis les incursions de la marine américaine en Mer de Chine et l’Amérique accusant le commerce extérieur chinois de détruire des emplois américains.
Dans ce contexte, l’irruption sur la scène internationale d’un personnage du calibre de Donald Trump va radicalement changer la donne. Le nouveau président américain est connu pour sa capacité, dans le monde des affaires, à prendre d’énormes risques, et de bien s’en sortir, notamment grâce à un incomparable talent de négociateur et de communicateur et son art de la persuasion. C’est d’ailleurs comme cela qu’il a gagné les élections et réussi à amasser une fortune colossale. Mais Il est aussi connu pour son intolérance et son penchant à rendre coup pour coup, souvent avec usure. Reste à voir si cet incontestable talent sera d’une quelconque utilité dans l’univers glacé de la géopolitique internationale où les règles du jeu sont totalement différentes. Comment la Chine va-t-elle réagir au coup de boutoir que Donald Trump ne va pas manquer d’asséner tôt ou tard à la Corée du Nord ?
Dès lors tous les scénarios sont concevables : conflit frontal avec la Corée du Nord par le truchement de la Corée du sud ; accord sino américain pour ramener le roquet nord-coréen à la raison ; accord tripartite avec la Russie pour maintenir la paix dans l’Océan indien.
Va-t-on assister à la fin du bluff nord-coréen avec la mise au pied du mur de Kim Jung-Un ? Qui va l’emporter dans cette partie de poker aux enjeux nucléaires ? Ce qu’il y a de sûr est que cet épineux dossier, longtemps gelé, va enfin bouger après une longue période d’immobilité géostratégique. Mais dans quel sens ?
L’avenir peut se révéler fertile en émotions fortes voire en sueurs froides.
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