Il semble bien qu’à partir de ce jour, mercredi 18 mars, et ce jusqu’à une date indéterminée, il n’y aura plus aucune messe ni aucun office publics assurés par les prêtres des prieurés du district de France et des pays soumis au confinement. Les messes sont en conséquence toutes supprimées, y compris celles du dimanche, et les messes et offices des prieuré sont réservés aux seules personnes de la communauté. Voici à ce propos le communiqué du Supérieur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X.
Nous vous rappelons que vous pouvez assister aux messes télévisées sur internet : Messes en direct depuis l’église Saint Nicolas du Chardonnet
Il est aussi possible d’avoir recours à la communion spirituelle : voir après le communiqué.
Communiqué de l’abbé Pagliarani du 18 mars 2020
« Bien chers fidèles,
Dans ce moment d’épreuve certainement difficile pour vous tous, je tiens à vous adresser ces quelques réflexions.
Nous ne savons pas combien de temps la situation actuelle va durer, ni surtout comment les choses vont évoluer dans les prochaines semaines. Face à cette incertitude, la tentation la plus naturelle est de chercher désespérément des garanties et des explications dans les commentaires et les hypothèses des plus savants des « experts ». Souvent, cependant, ces hypothèses – qui abondent actuellement de toutes parts – se contredisent et augmentent la confusion au lieu d’apporter un peu de sérénité. Sans doute l’incertitude fait-elle partie intégrante de cette épreuve. A nous de savoir en tirer parti.
Si la Providence permet une calamité ou un mal, elle le fait toujours dans le but d’obtenir un plus grand bien qui, directement ou indirectement, concerne toujours nos âmes. Sans cette prémisse essentielle, nous risquons de nous désespérer, car une épidémie, une autre calamité ou n’importe quelle épreuve nous trouveront toujours insuffisamment préparés. A ce stade, qu’est-ce que Dieu veut nous faire comprendre ? Qu’attend-il de nous en ce carême si particulier, où il semble avoir décidé quels sacrifices nous devons faire ?
C‘est l’orgueil humain qui est mis à genoux
Un simple microbe est capable de mettre à genoux l’humanité. A l’ère des grandes réalisations technologiques et scientifiques, c’est surtout l’orgueil humain qu’il met à genoux. L’homme moderne, si fier de ses réalisations, qui installe des câbles de fibre optique jusqu’au fond des océans, construit des porte-avions, des centrales nucléaires, des gratte-ciels et des ordinateurs, qui après avoir posé son pied sur la lune poursuit sa conquête jusqu’à Mars, cet homme est impuissant devant un microbe invisible. Le tumulte médiatique de ces derniers jours et la peur que nous pouvons avoir nous-mêmes ne doivent pas nous faire manquer cette leçon profonde et facile à comprendre pour les cœurs simples et purs qui considèrent avec foi les temps présents. La Providence enseigne encore aujourd’hui à travers les événements. L’humanité – et chacun d’entre nous – a l’occasion historique de revenir à la réalité, au réel et non au virtuel fait de rêves, de mythes et d’illusions.
Traduit en termes évangéliques, ce message correspond aux paroles de Jésus qui nous demande de rester unis à Lui le plus étroitement possible, car sans lui, nous ne pouvons rien faire ni résoudre aucun problème (cf. Jn 15, 5). Nos temps incertains, l’attente d’une solution et le sentiment de notre impuissance et de notre fragilité doivent nous inciter à chercher Notre-Seigneur, à l’implorer, à lui demander pardon, à le prier avec plus de ferveur et surtout à nous abandonner à sa Providence.
A cela s’ajoute la difficulté voire l’impossibilité d’assister librement à la sainte Messe, ce qui augmente la dureté de cette épreuve. Mais il reste entre nos mains un moyen privilégié et une arme plus puissante que l’anxiété, l’incertitude ou la panique que peut susciter la crise du coronavirus : il s’agit du saint Rosaire, qui nous lie à la Très Sainte Vierge et au Ciel.
Le moment est venu de prier le chapelet dans nos maisons plus systématiquement et avec plus de ferveur que d’ordinaire. Ne perdons pas notre temps devant les écrans et ne nous laissons pas gagner par la fièvre médiatique. Si nous devons observer le confinement, profitons-en pour transformer notre « assignation à résidence » en une sorte de joyeuse retraite en famille, au cours de laquelle la prière retrouve la place, le temps et l’importance qu’elle mérite. Lisons l’Evangile en son entier, méditons -le calmement, écoutons-le en paix : les paroles du Maître sont les plus efficaces, car elles atteignent facilement l’intelligence et le cœur.
Ce n’est pas le moment de laisser le monde entrer chez nous *
Ce n’est pas le moment de laisser le monde entrer chez nous, maintenant que les circonstances et les mesures des autorités nous séparent du monde ! Tirons profit de cette situation. Donnons la priorité aux biens spirituels qu’aucun microbe ne saurait attaquer : accumulons des trésors au Ciel, où ni les vers ni la rouille ne détruisent. Car là où se trouve notre trésor, là aussi sera notre cœur (cf. Mt 6, 20-21).
Profitons de l’occasion pour changer de vie, en sachant nous abandonner à la divine Providence. Et n’oublions pas de prier pour ceux qui souffrent en ce moment. Nous devons recommander au Seigneur tous ceux pour qui le jour du jugement approche, et lui demander d’avoir pitié de tant de nos contemporains qui demeurent incapables de tirer des événements actuels les bonnes leçons pour leur âme. Prions pour que, une fois l’épreuve surmontée, ils ne reprennent pas leur vie d’avant, sans rien changer. Les épidémies ont toujours servi à ramener les tièdes à la pratique religieuse, à la pensée de Dieu, à la détestation du péché. Nous avons le devoir de demander cette grâce pour chacun de nos concitoyens, sans exception, y compris – et surtout – pour les pasteurs qui manquent d’esprit de foi et ne savent plus discerner la volonté de Dieu.
Ne nous décourageons pas : Dieu ne nous abandonne jamais. Sachons méditer les paroles pleines de confiance que notre sainte Mère l’Eglise met sur les lèvres du prêtre en temps d’épidémie : « O Dieu qui ne voulez pas la mort mais la conversion des pécheurs, tournez-vous avec bienveillance vers votre peuple qui revient vers vous et, puisqu’il vous est dévoué, délivrez-le avec miséricorde des fléaux de votre colère ».
Je vous recommande tous à l’Autel et à la paternelle protection de saint Joseph. Que Dieu vous bénisse !
Don Davide Pagliarani + »
La communion spirituelle, par M. l’abbé Bruno France (Février 2012)
Un désir
Le concile de Trente avait déjà distingué trois différentes manières de communier : sacramentellement seulement (sans charité, ce qui est peccamineux), spirituellement seulement, et les deux à la fois, comme doit l’être toute bonne communion à la messe. Pour les auteurs spirituels, communier spirituellement signifie unir notre âme à Jésus-Eucharistie, non par la réception du sacrement, mais par le désir de cette réception, en précisant bien que ce désir est surnaturel, procédant d’une foi animée par la charité. Ainsi Saint François de Sales souligne cette notion de désir : « Mais quand vous ne pourrez pas avoir ce bien de communier réellement à la sainte messe, communiez au moins de cœur et d’esprit, vous unissant par un ardent désir à cette chair vivifiante du Sauveur» (Introduction à la Vie dévote, 2e part., chap. 21). Le jésuite Rodriguez ajoute : « La communion spirituelle consiste à avoir un ardent désir de recevoir ce sacrement adorable… Car de même que quand on a une grande faim, on dévore les viandes des yeux, de même il faut dévorer des yeux de l’esprit cette chair céleste. » (Pratique de la Perfection Chrétienne, 2e part., traité 8, chap. 15). Rendons-nous compte que nous bénéficions d’un privilège. Tout d’abord, on ne pouvait en profiter dans l’Ancien Testament, puisque c’est un désir du sacrement qui fut institué par le Christ. La manducation de la manne par les Hébreux n’est pas une application de cette communion spirituelle. De même les anges, au jugement de saint Thomas d’Aquin, s’ils peuvent manger spirituellement le Christ en y étant unis par la charité et la vision béatifique, ne peuvent pas manger spirituellement le sacrement, qui suppose la possibilité de le recevoir réellement. Au sens propre, ils ne peuvent donc recevoir la communion spirituelle (Somme Théologique, Tertia pars, q. 80 a. 1). Comme nous l’avons souligné, ce désir est produit par une foi vivante et requiert donc l’état de grâce. Celui qui communierait spirituellement en état de péché mortel et avec la disposition d’y rester pécherait gravement, dit le théologien Suarez. Mais il semble que le sacrement de confession ne soit pas obligatoire dans ce cas. Un acte de contrition parfaite suffirait. Précision importante, en cas de contrition imparfaite, il n’y aurait pas de péché, il y aurait même un bon désir, soutient le Dictionnaire de Théologie Catholique, mais les fruits attachés à la communion spirituelle ne sont pas produits.
Fondement
Deux principes fondent la valeur d’une communion spirituelle. Le premier pilier est la foi en la présence du Christ dans l’eucharistie comme source de vie, d’amour et d’unité. Non seulement il s’agit de reconnaître la présence réelle, mais aussi l’efficacité de cette présence, comme causant la grâce. Cet acte de piété est donc hors de portée des protestants, même s’ils reconnaissent une certaine forme de présence du Christ dans l’hostie. C’est le cas des Luthériens qui affirment que l’eucharistie n’a ainsi pour fonction que d’exciter la confiance en Jésus-Christ, sans qu’elle produise un accroissement de grâce dans nos âmes. Le second principe consiste en ce que l’efficacité de désir peut suppléer à l’acte du sacrement. Nous savons, par exemple, que si le baptême d’eau est impossible, le baptême de désir est une porte ouverte au salut. Précisons seulement que ce désir implique une réelle volonté de recevoir le sacrement lui-même et ne se réduit pas à un vague attachement au christianisme. Ce processus s’applique donc dans la communion. Rappelons cependant que, contrairement à la communion sacramentelle qui agit ex opere operato, la communion spirituelle n’intervient qu’ex opere operantis, à savoir en fonction des dispositions de la personne. Le chrétien devient alors cause directe de la grâce qui risque d’être moins abondante en raison de ses imperfections. Dans la réception de l’hostie à la messe, le fidèle n’est qu’une condition, alors que la cause de la grâce est le sacrement lui-même, ce qui assure son efficacité.
Effets
Après toutes ces difficiles considérations théologiques, nous voyons donc la conclusion pratique : en raison de nos infirmités, la communion spirituelle sera concrètement moins efficace que celle sacramentelle, même si théoriquement les effets sont les mêmes, à savoir un supplément de grâce, une nourriture spirituelle et la rémission des péchés véniels. Mais si nos dispositions sont parfaites, les effets seront identiques ou même meilleurs qu’une communion distraite. Les saints nous l’ont montré : « On rapporte de sainte Angèle Merici que lorsqu’on lui interdisait la communion de chaque jour, elle y suppléait par de fréquentes communions spirituelles à la messe, et elle se sentait parfois inondée de grâces semblables à celles qu’elle aurait reçues si elle avait communié sous les espèces sacramentelles. Aussi laissa-t-elle à son Ordre, comme un legs pieux, une pressante recommandation de ne point négliger cette sainte pratique ».
Pratique
Sainte Thérèse d’Avila recommande à ses filles de communier en esprit (Chemin de la Perfection, ch. 37) ; le Père Du Pont, bien connu de ceux qui ont fait une retraite de Saint Ignace, l’encourage également ; Saint Bernard encore plus. Alors pourquoi repousser l’invitation ? La communion spirituelle présente l’avantage de ne pas être limitée dans sa fréquence. Elle peut être faite aussi souvent que l’âme le désire, comme le rappelle l’Imitation de Jésus Christ. (Liv. 4, ch. 10). Et le père Faber cite en exemple la bienheureuse Agathe de la Croix qui « était animée d’un tel amour pour le Saint-Sacrement, qu’elle serait morte, dit-on, si son confesseur ne lui avait pas enseigné la pratique de la communion spirituelle, et lorsqu’elle la posséda, elle avait coutume de la répéter jusqu’à deux cents fois dans un jour ». Nous ne sommes pas obligés de tenir un rythme de saints. Mieux vaut les faire plus rarement mais avec la profondeur qui s’impose… Souvenons-nous que le moment privilégié de la communion spirituelle est le temps de la messe. On peut s’y associer à l’heure où elle est célébrée en semaine. Ce type de dévotion doit surtout être un complément de nos communions habituelles et peut aider dans les périodes où il est plus difficile de s’approcher des sacrements, notamment durant les vacances. Remettons bien à sa place ce type de pratique : communier spirituellement tire sa valeur de la communion sacramentelle, mais les richesses du trésor eucharistique ne doivent pas faire négliger l’appoint spirituel de ce désir intérieur du cœur. Ainsi peut-on exprimer l’intention de l’Eglise, par les paroles de Notre Seigneur rapportées par Saint Alphonse de Liguori : « Dans le vase d’or, dit-il, je conserve vos communions sacramentelles et dans le vase d’argent, vos communions spirituelles ».
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !
Achetez vos livres sur MPI
Vous faites travailler ainsi des libraires français et soutenez MPI
PORT à 1 cts A PARTIR DE 64 € D'ACHAT !
Retrouvez votre librairie sur livres-et-idees.com
avec plus de 10.000 références !