Il se dit à Rome, un vaticaniste comme Sandro Magister le soutient, que le prochain synode débattra de la question des prêtres mariés et « le manque de ministres ordonnés » qui pourrait être compensé par la possibilité donnée à des hommes mariés d’accéder à la prêtrise, selon le défunt très progressiste cardinal Carlo Maria Martini, pour qui l’actuel Souverain Pontife eut et conserve de l’admiration.
Le prochain voyage de François au Mexique a relancé le débat : dans la région du Chiapas, les ordinations de diacres indigènes se sont multipliées entre 1959 et 2000, pour atteindre des centaines, sous l’épiscopat de Samuel Ruiz Garcia connu pour sa défense de la théologie de la Libération et ses idées proches de la doctrine sociale marxiste. Ces ordinations diaconales furent suspendues par Rome en 2000 et il fut demandé aux diacres mariés de déclarer publiquement que leur parcours sacerdotal s’arrêterait là. Cette interdiction fut révoquée par le pape François après son élection en mai 2014 : les ordinations diaconales d’hommes mariés ont donc repris depuis. Elles constituent un soutien fort donné à ceux qui militent pour la fin du célibat sacerdotal.
En mai 2014, le pape François avait par ailleurs soutenu l’idée que le célibat sacerdotal n’est « pas un dogme de foi » mais « une règle de vie, un don pour l’Église. » Traduisez : ce n’est qu’une règle disciplinaire. Or la discipline peut toujours être assouplie, améliorée, changée en fonction des circonstances, etc. De telles paroles peuvent donc être elles-aussi considérées un signal émis dans la direction des partisans des prêtres mariés. Car en effet s’il est vrai que le célibat sacerdotal relève de la discipline, sa justification trouve sa racine dans la tradition la plus ancienne et s’appuie sur un socle doctrinal solide. Si une règle est réformable, celle qui dure depuis deux millénaires et qui fut défendue comme une prunelle doit être traitée avec beaucoup d’égard et d’attention, ce qui ne semble plus devoir être la cas.
Et dernièrement un évêque allemand, Hans-Jochten, évêque d’Hambourg, lors d’un talk-show télévisé « Nachtcafe » a révélé que le pape, lors de la visite ad limina des évêques allemands le 20 novembre dernier n’avait pas témoigné de désaccord à la suggestion d’avoir recours à des prêtres mariés là où le manque de prêtres est crucial.
C’est dans ce contexte révolutionnaire, qui semble avoir pour chef ou tout du moins pour compagnon de route le pape lui-même, qu’un colloque, en défense du célibat sacerdotal, est organisé sur le thème « Le célibat sacerdotal, un chemin de liberté » à la prestigieuse Université Pontificale Grégorienne de Rome du 4 au 6 février 2016.
Le but premier des différents intervenants, parmi lesquels les cardinaux conservateurs Ouellet et Parolin, est de rappeler que pour l’Église catholique de rite latin, le célibat sacerdotal n’est pas une exigence récente et encore moins une simple discipline ecclésiastique mais qu’il trouve ses fondements dans le Christ lui-même et dans le Nouveau Testament. Il est « le chemin de la liberté ». Souhaitons que leurs voix soient entendues mondialement.
Le célibat sacerdotal fut souvent remis en question lors des périodes de décadence. La plus grave des crises sur le sujet eut lieu entre le 14e et le15e siècle : la réponse du célèbre Concile de Trente fut de rappeler « la loi du célibat, l’invalidité du mariage contracté par les clercs et [il] se préoccupa d’une meilleure formation des prêtres, qui de fait, facilitera la restauration de la discipline. » ( Abbé Thierry Legrand)
Depuis que le modernisme s’est infiltré insidieusement et durablement après la Révolution française et à partir du XIXe siècle dans l’Église catholique, pour finir par être victorieux au concile Vatican II, ce célibat sacré des membres du clergé subit des attaques incessantes. Déjà en son temps Pie IX combattait pour lui : « Vous connaissez les autres monstruosités de fraudes et d’erreurs par lesquelles les enfants de ce siècle s’efforcent chaque jour de combattre avec acharnement la religion catholique et la divine autorité de l’Église, ses lois non moins vénérables […] C’est à ce [même] but encore que tend cette honteuse conjuration qui s’est formée nouvellement contre le célibat sacré des membres du clergé, conspiration qui compte, ô douleur ! Parmi ses fauteurs quelques membres de l’ordre ecclésiastique, lesquels, oubliant misérablement leur propre dignité, se laissent vaincre et séduire par les honteuses illusions et les funestes attraits de la volupté. » Qui Pluribus du 9 novembre 1846
Dans son encyclique Pascendi, le grand pape saint Pie X s’en prend aux modernistes au sein de l’Église catholique qui ont pour maître des protestants, pourfendeurs s’il en est du célibat sacerdotal : « En morale, au clergé ils demandent de revenir à l’humilité et à la pauvreté antiques, et, quant à ses idées et son action, de les régler sur leurs principes. Il en est enfin qui, faisant écho à leurs maîtres protestants, désirent la suppression du célibat ecclésiastique. Que reste-t-il donc sur quoi, et par application de leurs principes, ils ne demandent réforme ? »
Au pape actuel qui ne fait pas entendre la voix de la Morale catholique, à ces ecclésiastiques qui aspirent à vivre comme des hommes du monde, à ces révolutionnaires qui travaillent avidement à changer définitivement l’Église catholique en une énième secte protestante à l’aura universelle, les belles paroles de Saint Paul en l’honneur de la chasteté et du célibat sacerdotal sont là depuis 2000 ans pour recentrer toutes choses dans le Christ :
« Or, je voudrais que vous fussiez sans inquiétude. Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur;
et celui qui est marié s’inquiète des choses du monde, des moyens de plaire à sa femme.
Il y a de même une différence entre la femme et la vierge: celle qui n’est pas mariée s’inquiète des choses du Seigneur, afin d’être sainte de corps et d’esprit; et celle qui est mariée s’inquiète des choses du monde, des moyens de plaire à son mari.
Je dis cela dans votre intérêt; ce n’est pas pour vous prendre au piège, c’est pour vous porter à ce qui est bienséant et propre à vous attacher au Seigneur sans distraction.. »(1 Corinthiens 7, 32-35)
Francesca de Villasmundo
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