Il est des morts qu’on oublie, il est des morts qu’on « mémorise »!
En séjour en Pologne pour les JMJ, le pape François a fait une visite obligée au camp de concentration d’Auschwitz, hier, vendredi 29 juillet 2016. A la suite de Jean-Paul II et de Benoît XVI qui pareillement, lors de leur voyage apostolique en cette terre martyr de la barbarie communiste, s’étaient sentis dans l’obligation d’aller faire « leur devoir de mémoire », sous les caméras internationales, en ce lieu symbole de la deuxième Guerre Mondiale pour la communauté juive.
Dans un pays qui a connu jusqu’à récemment la terrible dictature communiste athée avec son cortège funèbre de martyrs, de morts, d’horreurs indicibles, cette monstrueuse idéologie messianique pour la régénérescence de l’humanité qui a fait de la Pologne et autres pays satellites de l’URSS de vastes camps de concentration à ciel ouvert, cette sélection mémorielle de la part des papes conciliaires laisse songeur. Y aurait-il des morts plus importants que d’autres, des lieux devenus sacrés pour l’éternité et des forêts de Katyn à oublier, une histoire, marxiste, à enterrer au nom de la paix, et une autre, fasciste, à raviver sans cesse au nom de cette même paix ?
Avant 1945, le sacrifice de la Croix, que l’on croyait ou non en Jésus-Christ Fils de Dieu incarné, était l’événement central de l’histoire humaine, le Drame unique qui a bouleversé le monde et manifesté un nouvel âge. Au cours du XXe siècle finissant, le monde s’est déporté du Calvaire à Auschwitz. L’holocauste juif a supplanté la Croix de Jésus-Christ. La Shoah, le dogme unique, se dresse sur l’humanité. Elle est l’axe autour duquel s’articule toute la vie politique, civile, religieuse des peuples et des nations, la colonne vertébrale sur laquelle repose toute la pensée post-moderne, historique, philosophique, théologique, le pilier auquel est lié, de façon indéfectible, le monde en décomposition. Elle édifie le New Age de la renaissance de l’Homme.
Quoi d’étonnant alors que la communauté juive mondiale ait exprimé, de diverses façons, sa vive satisfaction pour le déroulement silencieux de cette rencontre entre le pape François et ce que la pensée officielle retient comme l‘Indicible qui a jamais été commis dans les annales de l’humanité. Si la présidente de l’Union des communautés juives italiennes, Noémie De Segni, avait par avance salué « la sobriété » de la visite pontificale à Auschwitz, différentes personnalités juives ont choisi de la commenter le jour-même.
Ronald Lauder, le président du World Jewish Congress, a tenu à évoquer « un signal fort contre la haine ».
« Ne pas prononcer de discours, écrit-il dans une note diffusée par la presse, durant la visite s’est révélé un choix opportun, ainsi que de prier en silence avec qui aujourd’hui, en ces lieux, rendaient hommage à la mémoire de ces hommes, ces femmes et ces enfants tués dans le camp. Auschwitz est un avertissement permanent de ce qui peut arriver quand on consent à la haine de puissance, quand le monde reste en silence face au mal et regarde autre part quand des crimes indicibles sont commis à côté. »
Pour cette autorité juive morale mondiale, le pape François, nous dit-il est
« un des plus proches alliés que les juifs ont aujourd’hui dans la lutte contre l’anti-sémitisme, le fanatisme et la haine. Jamais au cours des derniers deux mille ans les relations entre nous n’ont été aussi étroites. Nous remercions le pape pour avoir été à Auschwitz. Sa visite envoie un signal important au monde pour que ce chapitre noir de l’histoire ne soit jamais oublié et la vérité sur ce qui est arrivé ne soit pas occultée. »
L’ex-président de l’Assemblée des Rabbins d’Italie, Elia Richetti, a témoigné également de son contentement. Il s’est dit frappé, outre par le silence qui a caractérisé la visite, par la décision du pape d’entrer et de sortir à pied du camp : « Ce sont des signes d’attention et de respect importants », convaincu par ailleurs que la sensibilité démontrée ait mis à l’abri cet événement « d’une quelconque forme d’instrumentalisation. »
« Cette visite a été une importante pro-mémoire pour le monde, sur combien profond peut être le manque d’humanité et sur la façon unique dont l’histoire juive témoigne de ce fait »
a expliqué de son côté, au Jérusalem Post, le rabbin David Rosen, le directeur pour les Affaires inter-religieuses de l’American Jewish Committee et le promoteur fervent de nombreuses initiatives de dialogue avec le Vatican.
Lui-aussi s’est extasié devant le silence de François qui les a tous conquis :
« Les seules paroles publiques qui ont résonné ont été celles du psaumes 130 et le Kaddish, pour mettre bien en évidence l’importance proprement juive de ce lieux. Surtout, la prière silencieuse a été une expression éloquente de combien les paroles sont inutiles face à de tels événements. Le silence parle de manière encore plus puissante. »
Et il ajoute, en conclusion, cette considération intéressante mais aussi lourde de conséquences futures pour la liberté de l’Église :
« Dans la tradition juive une chose qui se répète trois fois est une chazakah (une coutume qui acquiert une valeur légale). Aujourd’hui, ce sont bien trois papes qui ont visité Auschwitz. Je crois donc que dorénavant cela deviendra un passage obligé de chaque itinéraire pontifical. »
Subtil avertissement aux futurs pontifes inéluctablement voués à se soumettre, par « devoir de mémoire », aux lois et coutumes juives ?
Insinuation indirecte à l’inféodation actuelle des papes conciliaires à la communauté juive mondiale ?
Francesca de Villasmundo
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